Article de Gisèle Durero-Koseoglu
Ce beau roman bouleversant (2015 pour la traduction française par Odile Demange, Editions Robert Laffont) pourrait s’intituler « les luttes d’une Iranienne seule contre tous ».
Ce beau roman bouleversant (2015 pour la traduction française par Odile Demange, Editions Robert Laffont) pourrait s’intituler « les luttes d’une Iranienne seule contre tous ».
Le récit commence à l’époque du Shah,
lorsque Massoumeh, en butte à
l’opposition de sa mère et de ses frères, rêve de faire des études. Mais suite
à une innocente idylle avec un jeune
pharmacien du quartier qui lui adresse des billets doux, sa famille lui
interdit d’aller à l’école et la marie avec un inconnu.
Dès lors commence pour Massoumeh une vie
difficile ; son époux militant communiste, la délaisse et s’absente de
plus en plus souvent pour se consacrer à son idéal politique. Sans appui, sans
argent, Massoumeh va devoir se battre sans cesse, reprendre des études et tenter
de gagner sa vie pour subvenir aux besoins de ses enfants.
Mais ses malheurs ne s’arrêtent pas
là ; car si son époux est considéré comme un terroriste sous le régime du Shah,
son athéisme le fait juger comme traître lors de la révolution islamique opérée
par l’ayatollah Khomeiny. Et Massoumeh de poursuivre sa lutte pour survivre…
Une des grands centres d’intérêt du texte
est de nous faire traverser une cinquantaine d’années de l’histoire de l’Iran à
travers une destinée de femme. Le roman met en évidence les difficultés
rencontrées par les femmes dont le vêtement se charge d’enjeux politiques,
comme l’indique le titre français, Le
Voile de Téhéran. Voilée sous la pression de ses frères dans l’adolescence,
Massoumeh doit, après son mariage, abandonner le voile que son époux considère avec
mépris comme un symbole de l’oppression féminine puis se voit contrainte de
porter le tchador lors de la révolution islamique.
Ces variations de la tenue soulignent le
fait que les femmes sont les premières victimes des idéologies ; d’abord
soumise à sa famille, mère, père et frères, Massoumeh passe ensuite sous le joug
de son époux ; et quand elle pourrait se croire affranchie des contraintes,
voilà qu’elle subit la tyrannie de ses enfants…
La couverture précise : « Le
livre interdit devenu best-seller »… C’est que dans ce roman à forte
teneur autobiographique, Parinoush Saniee dresse aussi la satire et dénonce les
faux-semblants des régimes politiques depuis la dernière partie du XIXe
siècle.
Un roman fort, émouvant, dans lequel se
succèdent les péripéties plongeant Massoumeh dans de nouvelles affres dont il faudra,
à chaque fois, émerger…