En
latin, le mot « derelectio » désignait un abandon complet ; puis,
les philosophes mystiques ont utilisé le
mot « déréliction » pour qualifier l’état de ceux qui avaient perdu
la grâce divine et sombraient dans un
état de solitude extrême.
Aujourd’hui,
c’est la crise du Covid-19 qui nous plonge dans la déréliction. Car oui, nous
sommes seuls et abandonnés ! Il ne nous reste plus que notre conscience
morale pour tenter de distinguer le vrai du faux, et, à défaut d’acquérir la
moindre certitude, de nous définir chacun une attitude, en notre âme et
conscience !
D’abord,
ce furent les mensonges de l’état affirmant que la maladie, qui n’était de
toute façon qu’une « gripette », n’arriverait pas en France. Puis, sa
décision de maintenir les élections à la veille de l’ordre de confinement, au
grand dam d’une partie du monde médical. Qui croire ? Que croire ? Ensuite,
ce furent les discours intempestifs des politiques et même de certains scientifiques
en collusion avec le pouvoir, sur l’inutilité des masques alors que l’exemple
du monde entier prouvait le contraire et qu’aujourd’hui, on a tourné casaque. Qui
croire ? Que croire ? Pour continuer, ce furent les polémiques
incessantes sur l’efficacité, l’utilité ou la nocivité de certains traitements
contre le virus, avec le monde scientifique fracturé en deux, entre partisans
et adversaires de la Chloroquine. Dans la foulée, alors que la loi juge l’homicide,
même involontaire, comme un délit, nous avons entendu avec effroi certains médecins italiens
déclarer sur les ondes que faute de lits de réanimation, ils étaient contraints
de choisir les patients à sauver ; après, on a appris qu’en France, une ordonnance du 29
mars 2020 autorisait à utiliser dans les Ehpad le Ritrovil, un sédatif
permettant de mourir sans souffrance, pour les personnes âgées, que, par manque
de lits d’hôpitaux, on ne cherchait même pas à tenter de soigner ! Certains
ont salué cet efficace soulagement de la douleur, d’autres l’ont affublé du
sobriquet d’« euthanasie ». Qui croire ? Que croire ? On
nous a convaincus que la France était la cinquième puissance mondiale,
possédait une infrastructure médicale enviée par toute la planète et on s’est
retrouvé avec une pénurie de matériel, plus de 25000 morts et même les moqueries
de certains pays « en voie de développement » qui s’en sortaient
mieux que nous et se sont empressés de nous rappeler que nous sommes de
bien piètres donneurs de leçons. Qui croire ? Que croire ? Maintenant,
ce sont les débats sur l’opportunité de la réouverture des écoles le 11 mai,
entre des pédiatres affirmant que cette mesure s’impose et d’autres médecins prévoyant
les affres d’une seconde vague d’infection et l’Apocalypse pour la fin juin.
Sans parler de l’arrivée sur le marché de la grande distribution de millions de
masques à vendre, alors qu’il n’y a pas si longtemps, même le personnel soignant
ne disposait pas de cet accessoire… Qui croire ? Que croire ?
Quand
je dis que toutes nos certitudes se sont effondrées, je n’exagère pas. Le vrai,
déjà si malmené depuis les deux Guerres mondiales, s’est une fois de plus
acoquiné avec le faux. Tout ce à quoi nous avons cru « dur comme
fer » s’est révélé bancal, nous voilà désemparés, privés de convictions,
rongés de défiance et la parole officielle, dorénavant, n’a pas plus de prix
que les élucubrations de certains youtubeurs.
Désormais,
nous sommes seuls face à notre absence de foi et d’espoir, un doute cruel nous gangrène et beaucoup
d’entre nous rêvent de partir s’installer avec quelques proches et « happy
few », pour reprendre une expression de Stendhal, dans un hameau abandonné, avec un stock de
bougies, trois chèvres et Les Pensées
de Pascal comme unique bibliothèque, pour vivre loin de cette société dénaturée
par les mensonges et la cupidité et y refaire une sorte de communauté hippie,
loin des institutions et de leurs manipulations !
Que
notre lucidité, les intuitions de notre for intérieur et ce qui nous reste
d’éthique nous viennent en aide pour définir notre future ligne de conduite !
Mon autre blog, Gisèle Durero-Köseoglu, écrivaine d’Istanbul