jeudi 28 janvier 2016

Colette. Née le 28 janvier 1873, anticonformiste et indomptable !

Article de Gisèle Durero-Koseoglu

Ecrivaine fantôme

Sidonie Gabrielle Colette, dite « Colette » (1873-1954), est née à Saint-Sauveur-en-Puisaye, qu’elle évoquera dans Sido et dans La Maison de Claudine.  


A vingt ans, elle  épouse un coureur de jupons, Henry Gauthier-Villars, propriétaire de la maison d’édition Gauthier-Villars, qui se pique de publier des romans populaires mais écrits par d’autres. Elle lui sert en effet de « nègre littéraire » et écrit pour lui la série des  « Claudine », qu’il signe « Willy » : Claudine à l'école, 1900, qui obtient un immense succès, puis Claudine à Paris, 1901, Claudine en ménage, 1902, Claudine s’en va, 1903. Mais, en 1905, apparaît avec Dialogues de bêtes, le pseudonyme « Colette Willy », que l’écrivaine utilisera jusqu'en 1913.


Actrice de pantomime et Sappho

Les infidélités de son époux la poussent à divorcer en 1906 et elle entame alors une carrière dans le music-hall.
Car de 1906 à 1913, Colette sera artiste de pantomime. Après un début de carrière au théâtre des Mathurins, en 1907, elle se produit au Moulin Rouge avec sa partenaire, Mathilde de Morny, dite « Missy », dans Rêve d’Egypte, qui raconte l’histoire d’un archéologue tombant amoureux d’une momie. 



Les deux femmes font scandale en s’embrassant sur la bouche ! Le public se déchaîne, tant et si bien que le spectacle est interdit par le préfet de Paris au bout de trois représentations.


En 1907, un autre spectacle, La Chair, défraye la chronique car Colette y apparaît presque nue.


Photo Reutlinger

Elle ne néglige pas pour autant l’écriture puisque c’est à cette époque qu’elle publie La Retraite sentimentale (1907),  Les Vrilles de la vigne (1908) et L’Ingénue libertine (1909).
En 1910, elle obtient même trois voix au prix Goncourt avec La Vagabonde.

Journaliste et Phèdre !

Après la mort de sa mère, Sido, elle épouse en 1912 le politicien Henri de Jouvenel et donne naissance à une fille, Colette-Renée de Jouvenel, dite « Bel-Gazou ». Elle abandonne les planches après le spectacle de L’Oiseau de nuit et se consacre au journalisme avec sa chronique du « Journal de Colette », dans Le Matin. En 1919, elle publie Mitsou ou Comment l'esprit vient aux filles.


Mais en 1921, la liaison de l’écrivaine, âgée de 48 ans, avec le fils d’Henri, Bertrand de Jouvenel, qui n’a que de 17 ans, sonne le glas d’un mariage déjà bien mis à mal par les liaisons amoureuses extraconjugales d’Henry.



Les œuvres se succèdent : le roman Chéri, en 1921, qui amorce le thème de l’amour entre une femme mûre et un jeune homme,  La maison de Claudine, en 1922, puis, en 1923, le roman Le Blé en herbe, premier livre signé « Colette » et qui s’inspire de sa liaison avec Bertrand de Jouvenel. 




L’an d’après, elle joue en personne dans Chéri, à Monaco, et divorce en 1923.
En 1925, Maurice Ravel met en musique des textes que Colette avait écrits pour « Bel-Gazou », L'Enfant et les sortilèges, qui charme le public de Monte-Carlo.



Amoureuse de la Côte d’Azur, Colette achète en 1926, à Saint-Tropez, la maison « La Treille Muscate », qu’elle vendra douze ans plus tard, se plaignant de la multiplication des touristes. En 1928, elle se met en scène dans son autofiction, La Naissance du jour, tout en précisant qu’il ne faut pas confondre sa vie avec ses livres. En 1930, elle publie Sido et s’installe à l’hôtel Claridge en compagnie de Maurice Goudeket, journaliste de seize ans son cadet et qui sera son troisième mari.  

Photo de Gisèle Freund en 1954

La gloire littéraire

Elue en 1945, elle est la deuxième femme à rentrer à l’Académie Goncourt, dont elle devient ensuite présidente en 1949. Pour assurer sa publicité, elle multiplie alors les photographies.


Entre 1948 et 1950, sa carrière littéraire est couronnée par la publication de ses Œuvres complètes en quinze volumes et par sa nomination au titre de Grand Officier de la Légion d’honneur. En 1952, elle participe à un court métrage intitulé Colette,  réalisé par Yannick Bellon. La dernière partie de sa vie est assombrie par l’arthrite, qui la condamne progressivement à l’immobilité. Mais pour ses 80 ans, Le Figaro lui consacre un numéro entier.


Colette s’éteint le 3 août 1954. Bien que l’Eglise lui ait refusé des obsèques religieuses pour avoir divorcé deux fois, elle est la première femme à avoir des funérailles nationales.


Le Musée Colette, dans le Château de Saint-Sauveur-en-Puisaye

Passionnée par la nature, les plantes et les animaux, Colette raconte dans La Naissance du jour comment sa mère déclina l’invitation de son gendre pour ne pas risquer d’être absente le jour où son cactus rose allait fleurir.
« Je n’accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant. 
Voici pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir ! C’est une plante très rare, que l’on m’a donnée, et qui, m’a-t-on dit, ne fleurit sous nos climats que tous les quatre ans…»



Sources :
Article de l’Express du 03.08.2011, par Jean Montenot, Colette, écrivaine et femme libre, est morte un 3 août : http://www.lexpress.fr
Site Orion en aéroplane, Colette (presque) toute nue, 16.10.2013 :