lundi 9 mars 2020

Comment la crise du Covid-19 nous contraint à méditer sur nos modes d’existence…


Un des plus beaux textes de la littérature est sans doute le très célèbre « roseau pensant » de  Blaise Pascal.

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature…. Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour l’écraser »…



Car d’une certaine façon, il a l’art de remettre les pendules à l’heure ;  dans notre civilisation ultra modernisée, mécanisée, technologique, nous avons eu tendance à oublier que nous ne sommes pas les maîtres de la nature et qu’effectivement, la petite « vapeur » d’un virus, pour reprendre la métaphore pascalienne, peut avoir en quelques jours raison de notre civilisation matérialiste, de notre économie, voire de nos vies. On a cru que nos progrès sanitaires nous protégeraient désormais des grands fléaux et on se retrouve avec des médecins italiens manquant d’appareils de ventilation artificielle et devant choisir qui sauver entre un patient de 40 ans et un de 60.

Sur le plan économique, on se souvient des fameux « plans sociaux » entre les années 1980 et 2005, qui ont mis au chômage des millions d’ouvriers et surtout d’ouvrières ; personne n’a oublié les images tragiques des femmes licenciées à quelques années de la retraite et pleurant à l’entrée des usines qui fermaient. Car à cette époque, il fallait délocaliser là où la main d’œuvre était bon marché, mondialiser pour réaliser de plus grands profits, gagner de l’argent, de plus en plus d’argent, encore plus … quitte à ruiner l’économie de son pays. Aujourd’hui, suite à la pénurie de certaines substances venues de pays lointains, on réalise qu’on a « peut-être » commis une erreur en « délocalisant ». N’a-t-on pas ainsi atteint le comble de l’absurde ? De plus, on vitupère contre les migrants dénués de tout qui se pressent aux portes de l’Europe mais on ne peut même pas imaginer de manquer de pâtes ou de papier toilette, comme le montrent les razzias effectuées par certains dans les supermarchés.



La crise du Covid-19 va nous forcer à remettre en question les valeurs de notre existence ; sans tomber dans les excès de certains sociologues qui jouent les Cassandre en prédisant la fin du capitalisme tout entier, la crise économique qui se profile va faire se poser les questions essentielles. Veut-on encore d’un monde où 2153 personnes possèdent à elles seules autant d’argent que 60% de la population mondiale ? Ou les multinationales pillent les pays pauvres pour enrichir toujours plus un groupe de privilégiés ? Où l'on prive de travail des familles entières pour économiser quelques sous sur un produit que l’on envoie fabriquer au bout du monde ? Où l'on détruit systématiquement les merveilles de notre planète sans se soucier de l’héritage empoisonné qu’on lèguera à nos descendants ? Où l'on est capable de se disputer cruellement dans un supermarché pour du papier toilette ?

Si on en revient encore à Pascal, certes, « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant »… A nous d’exercer notre intelligence et notre humanisme pour savoir dans quel monde nous voulons vivre demain et retrouver un peu d’éthique, au lieu de se vautrer dans le matérialisme et la surconsommation…

Mon autre blog : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d'Istanbul 
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