lundi 11 mars 2019

Halide Edip Adivar, romancière, féministe et héroïne de la Guerre d’indépendance turque


Une intellectuelle d’avant-garde

Halide Edip Adivar (1884.1964) est une célèbre romancière turque, auteur d’une vingtaine de livres et connue pour les idées féministes dont ses œuvres sont l’illustration. Eduquée au Collège américain d’Uskudar, à Istanbul, férue de littérature turque et étrangère, elle est l’une des premières femmes turques à avoir obtenu le Baccalauréat. 


Elle traduit d’ailleurs en 1897 le roman de Jacob Abbott, La Mère, ce qui lui vaut d’être décorée par le sultan Abdülhamid. Elle épouse ensuite son ancien professeur de mathématiques, Salih Zeki Bey, dont elle aura deux fils.


Très vite connue pour ses articles dans journaux et revues, en particulier dans la revue Tanin de Tevfik Fikret, elle suscite souvent le scandale par le modernisme de ses idées, et elle publie en 1910 son premier roman, Seviye Talip, racontant l’histoire d’une femme ayant le courage de quitter son époux. Elle est la première femme inscrite dans les « Foyers turcs » nationalistes et fonde une organisation féministe.

Aux côtés de Mustafa Kemal

Pendant la première Guerre mondiale, inspectrice dans les écoles de jeunes filles, elle est ensuite chargée d’ouvrir des écoles en Syrie pour les jeunes Arméniennes orphelines ( Son rôle à cette époque est assez controversé, mes compétences sur le sujet sont trop limitées pour émettre une opinion…) Après son retour à Istanbul, professeur de littérature, remariée en 1917 avec Adnan Adivar, un professeur en médecine, Halide va se lancer dans la politique lors de l’occupation de Constantinople par les Français, Anglais et Italiens et jouer un grand rôle dans la guerre d’Indépendance turque.



Elle attire l’attention sur elle en étant une des premières femmes à prendre la parole dans des  meetings exhortant les Turcs à reconquérir leur souveraineté, ce qui lui vaudra, avec Mustafa Kemal, d’être condamnée à mort par contumace par la justice du sultan. 



Obligée de s’enfuir avec son époux, elle rejoint l’armée clandestine de Mustafa Kemal en Anatolie et y occupe un poste avec le grade de « sergent ».
La période de la Guerre d’Indépendance lui inspirera d’ailleurs deux grands romans, La chemise de feu, en 1922 et Douleur au cœur en 1924.



Les dissensions avec Atatürk

Mais après la fondation de la république turque, Halide Edip se brouille avec Mustafa Kemal, qu’elle accuse d’autoritarisme après qu’il ait fait fermer le « Parti républicain », fondé par Adnan Adivar. Elle choisit alors de s’exiler avec son époux en Angleterre, puis en France, où elle passera dix ans.
De retour en Turquie en 1939, elle occupe la chaire de littérature anglaise de l’Université d’Istanbul et  passera  le reste de sa vie à écrire des romans ou publier dans les journaux, donnant aussi des conférences en Indes et aux Etats-Unis ; elle sera également députée à l’Assemblée nationale durant quatre ans.



Ses romans les plus célèbres sont : Rue de l’épicerie aux mouches, publié en 1935 aux Etats-Unis et l’année suivante en turc sous le titre de Sinekli Bakkal, dans lequel elle raconte l’histoire de Rabia, la fille d’un forain animateur de spectacles populaires,  qui s’oppose au traditionalisme de son grand-père ; et La maison aux glycines, où elle évoque son enfance. La condition des femmes et le contexte historique occupent une grande place dans les romans d’Halide Edip Adivar. 



Cette femme hors du commun peut être considérée comme l’écrivaine turque la plus célèbre de la première moitié du XXe siècle.