dimanche 3 septembre 2017

Alfred de Musset, un malade du cœur : au sens propre comme au sens figuré !

Article de Gisèle Durero-Koseoglu
Né le 11 décembre 1810, Alfred de Musset  est un surdoué qui fréquente dès l’âge de 18 ans le Cénacle de Charles Nodier où sa personnalité de petit prodige  lui vaut une belle popularité.




Alfred, le dandy débauché 
L’année suivante, la publication de son premier recueil de poèmes, Contes d’Espagne et d’Italie (1829), le consacre comme “l’enfant terrible du Romantisme” ; sa soudaine renommée littéraire est accentuée par une réputation sulfureuse, il est connu pour sa vie nocturne dissolue.




Mais l’échec de sa pièce de théâtre La Nuit vénitienne, en 1830,  le décide à écrire des pièces destinées à être lues plutôt que représentées ; il les réunira plus tard sous le titre Un Spectacle dans un fauteuil.

Un couple mythique, l’écrivaine au cigare et le jeune homme malade des nerfs

Un soir de juin 1833, l’année de ses 23 ans,  lors d’un dîner, Alfred rencontre George Sand (Aurore Dupin), qui, par hasard, est sa voisine de table. George est alors au faîte de la gloire, son roman autobiographique, Indiana, vient de remporter un beau succès de scandale… 




Cette rencontre  entre deux êtres que tout semblerait séparer sera le début d’une grande histoire d’amour. Ce couple anti-conventionnel (elle a 7 ans de plus que lui, est séparée de son mari, porte des habits d’homme, fume le cigare, affiche sa liberté ; quant à lui, il boit, fréquente beaucoup les filles de joie…) fera couler beaucoup d’encre et deviendra un des symboles de la passion romantique.




L’amour sombre à Venise
Mais le bonheur n’est pas au rendez-vous. Alors qu’ils sont en voyage à Venise en 1834, Alfred renouvelle ses incartades nocturnes auprès de prostituées vénitiennes, puis, tombe malade. Déçue, George, qui a appelé à son chevet le docteur Pagello, se venge de l’humiliation en trompant Musset avec le bel italien. De scène en scène, de ruptures en réconciliations, le couple se déchire encore une année puis finit par se séparer en 1835. 


La passion amoureuse comme creuset de l’écriture
Néanmoins,  cette liaison chaotique aura constitué pour les deux écrivains un formidable réservoir d’inspiration : Alfred écrira ses inoubliables drames romantiques, Les Caprices de Marianne, (1833), On ne badine pas avec l'amour(1834), Lorenzaccio (1834). Son cœur meurtri s’épanchera dans son chef-d’œuvre poétique, Les Nuits et il racontera ses amours malheureuses dans un beau roman autobiographique où se reconnaîtront une partie des Romantiques, La Confession d’un enfant du siècle (1836).



 Quant à George, elle écrira à cette période La Mare au diableElle et luiHistoire de ma vie



Plantez un saule...
Désespéré, ravagé par le chagrin d’amour, le mal du siècle, la débauche et l’alcool, malade du cœur, Alfred s’éteint en 1857, à l’âge de 47 ans. Il repose au cimetière du Père Lachaise et conformément à son désir, un saule surplombe sa tombe :
Mes chers amis, quand je mourrai,

Plantez un saule au cimetière.J’aime son feuillage éploré ;La pâleur m’en est douce et chère,Et son ombre sera légèreÀ la terre où je dormirai.




Le très célèbre acrostiche "osé", d’Alfred de Musset à  George Sand : attention, comme le dit Musset, le principe de cet acrostiche est, pour en deviner le sens secret, de ne lire que le premier mot de chaque vers…
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cœur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.


Réponse de George Sand :

Cette insigne faveur que votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.