mardi 15 mars 2022

Ballade contre la guerre en Ukraine ...

 

Ballade contre la guerre en Ukraine ou comment on se fait arnaquer, nous, les humanistes pacifistes…

 

On a grandi dans le refrain du « plus jamais ça ».

Quarante ans après, nos grands-mères stockaient encore le tissu dans l’armoire,

Le savon sous le lavabo

Et chuchotaient toujours le martyre d’Hélène Vagliano,

A Cannes, son corps brûlé au fer des forçats,

Villa Montfleury de maudite mémoire.

Nos parents effaçant la vengeance.

Fredonnaient « Give Peace a Chance »,

Le soir, il y avait un vieux copain de mon père qui venait boire

pour oublier ses cauchemars

d’Indochine et quand il était ivre,

il racontait des histoires d’infirmières empalées

sur des bambous poussant d’un mètre en une nuit, 

D’araignées géantes tuées au fusil.

Moi, je jouais avec mon livre.

On disait : « Elle est trop petite, elle ne peut pas comprendre, elle lit ses contes de fées »…


Après, nos profs en hypokhâgne disaient qu’il n’y aurait plus jamais de guerre

Parce qu’on était tous solidaires.

Mais quand on regardait les livres sur l'étagère,

Il y avait des listes : Israël, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, le Liban, le Biafra  et chaque jour la mort de Gavroche.

Il y avait les « boat people », les caboches écrasées au Cambodge à coup de  pioche.

Je me revois un dimanche dans la rue avec ma tirelire, « Un franc pour un enfant »…

Puis, la vie a continué cahin-caha, bon an, mal an, 

Avec l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak, le Golfe, la Yougoslavie, la Tchétchénie,

Le Zaïre, l’Irak, le Tchad, la Somalie, le Yemen,  la Syrie, la Lybie, le Mali

Et Dieu sait combien j’en omets

Tant sont nombreux ceux qui se sont étripés.


Les migrants, on leur a vendu des gilets de sauvetage bourrés de coton

Des pneumatiques à l’abandon.

Pendant qu’on sirotait un pot au bord de mer,

On envoyait des mercenaires

Pour couler leurs bateaux

En Méditerranée-tombeau,

Ou on les a vendus aux portes de l’Europe,

Contre un migrant, un euro et des breloques.

Cedric Herrou a été jugé, Carola Rackete interpellée

Délits de solidarité.


Aujourd’hui, on exhume la hache mal enterrée

Le calumet a cessé de fumer.

Il y en a qui veulent la guerre en feignant d’œuvrer  pour la paix.

Et nous, marionnettes manipulées

On n’a plus qu’une seule vérité,

Un monolithe manichéen

Corseté d’airain.

Pourtant, la vérité  n’est ni blanche ni noire elle est multicolore ou grise.

Je hais les propagandes et leur emprise.

Ça me laisse perplexe que des dames qui auraient laissé crever de faim un migrant sur leur seuil

Cousent de petits sacs à dos 

Et des drapeaux

à clouer sur les cercueils.

Tant mieux si les cœurs cadenassés se déverrouillent

Mais ils ne s’ouvrent qu’à l’endoctrinement

Parce qu’ils ont vu les réfugiés avec des chats blancs

Et des chiens morts de trouille.

Pauvres civils ukrainiens suppliciés,

Immolés par la grande assemblée des nations

« On n’arrive pas à faire de négociations »,

Rackettés par des bandits

« File moi tes dollars ou ton cul et je t’emmène loin d’ici »,

De quelle machination êtes-vous le jouet ?

A qui profite le chaos ?

Demain, lorsque les marchands d’armes et les va-t’en guerre auront gagné

Quand on sera étranglés au garrot,

Ukraine exterminée, Russie anéantie, Europe ensevelie, Afrique affamée.

On pourra toujours faire apprendre aux enfants « Barbara » de Prévert

« Oh Barbara

Quelle connerie la guerre »…