jeudi 28 décembre 2017

Les Faux-monnayeurs et l’art de la fugue : pistes de réflexion

Références pour cet article : Guy Michaud, L’œuvre et ses techniques, Ed. Nizet, 1957. Guillaume Bardet et Dominique Caron, Les Faux-monnayeurs, Journal des Faux-monnayeurs, « L’Art de la fugue », Bac L Epreuve de littérature, Editions Ellipses, 2016.

On sait par son Journal qu’au moment où Gide écrit Les Faux-monnayeurs, il travaille Bach au piano et compare souvent ses difficultés en musique à celles qu’il doit vaincre pour écrire son roman.



Au début du Journal des Faux-monnayeurs, il écrit le 17 juin 1919 : « Je suis comme un musicien qui herche à juxtaposer et imbriquer, à la manière de César Franck, un motif d’andante et un motif d’allegro ». Le mélange des tonalités, des andantes et des allegros, pourrait être illustré par l’alternance de sujets de registres différents chez Gide, par exemple, un passage pathétique alternant avec un passage satirique. Exemple : la scène pathétique dans laquelle La Pérouse parle de son petit-fils au chapitre XIII est suivie d’une autre scène pathétique au chapitre XIV lorsque Bernard va rendre visite à Laura dans l’hôtel puis d’un passage satirique quand Oliver est chez Passavant au chapitre XV.



Le 3 octobre 1924, dans son Journal, il écrit : « Nombre d’idées sont abandonnées presque sitôt lancées, dont il me semble que j’aurais pu tirer meilleur parti. Celles, principalement, exprimées dans le Journal d’Édouard ; il serait bon de les faire reparaître dans la seconde partie. Il serait dès lors d’autant plus étonnant de les revoir après les avoir perdues de vue quelque temps, comme un premier motif, dans certaines fugues de Bach. »




Dans le roman,  « Ce que je voudrais faire, comprenez-moi, c’est quelque chose qui serait comme l’Art de la fugue. Et je ne vous pas pourquoi ce qui fut possible en musique serait impossible  littérature » dit Edouard  à Sophroniska, au chapitre 3 de la deuxième partie du roman, à Saas-Fée, p.187 (Ed.Folio).  On peut noter aussi que lorsqu’Edouard va voir La Pérouse au chapitre XIII du I, ce dernier parle d’une fugue de Bach qu’il répète (p. 119).

De quelle façon le travail de Gide dans Les Faux-monnayeurs peut-il être comparé à celui de l’art de la fugue ?

Qu’est-ce qu’une fugue en musique ?

Définition de la fugue dans le Dictionnaire Larousse : « Genre de composition dont les deux caractères essentiels sont : un style contrapuntique rigoureux, c’est-à-dire résultant exclusivement de la combinaison de lignes mélodiques, toutes d’égale importance… la prédominance d’un thème principal nommé sujet, présenté et développé successivement par chacune des voix selon des conventions définies.»
En musique, une fugue est donc une forme d'écriture contrapuntique ( le contrepoint désigne la superposition organisée de lignes mélodiques). Tout le morceau est fondé sur un seul sujet mais on le reprend en canon (en contrepoint) par d’autres voix qui se superposent. Il a été très utilisé à l’époque baroque, surtout par Bach. Ex : « Fugue en la mineur, à quatre voix ».

Pour mieux comprendre, suivre sur You Tube les vidéos : 

« C comme contrepoint », explication du contrepoint, par Jean-François Zygel



« La Leçon de musique, Bach, la fugue », par Jean-François Zygel. 



Zygel explique donc que Bach nous oblige à suivre non pas « une mélodie et son accompagnement »… mais « les deux voix en même temps…. On écoute deux voix qui se combinent. »

L’art de la fugue et Les Faux-Monnayeurs

1 Selon Guillaume Bardet et Dominique Caron, qui s’inspirent de Guy Michaud, la composition des FM peut évoquer celle de la fugue par « la reprise des éléments de l’histoire » : « On relève ainsi, par ordre d’apparition, la révolte de Bernard puis les amours de Vincent,  les deux thèmes se trouvant liés  au chapitre 14 quand le premier va rejoindre dans son l’hôtel, la maîtresse de Vincent. Le troisième fil est constitué par les amours d’Edouard et d’Olivier et se trouve rattaché aux deux autres par le personnage de Passavant. Enfin, le quatrième fil, celui de la bande des garçons et du trafic de fausse-monnaie, qui n’apparaît qu’épisodiquement en I, 2, alors qu’il semble donner son titre au roman, sera complètement déroulé au cours de la dernière partie.  » (p. 59)
Cela nous renvoie à la citation de Gide dans le JFM le 28 juillet 1919 : « Je tâche à enrouler les fils divers de l’intrigue et la complexité de mes pensées autour de ces petites bobines vivantes que sont chacun de mes personnages. »

2 On peut dire aussi que la multiplicité des voix narratives chez Gide ressemble à la superposition des voix chez Bach.

3 On peut aussi interpréter la ressemblance avec une fugue en pensant que le motif de la bande de garçons délinquants trafiquant la fausse monnaie serait le sujet, relayé par des « réponses », le thème la fausse monnaie, au sens moral du terme, mensonges, faux-semblants, hypocrisie.

4 Le thème du diable pourrait être aussi le sujet principal, repris par des contrepoints qui seraient les actions qu’il inspire.

La métaphore de la fugue conviendrait donc bien à l’œuvre. Ce n'étaient que quelques pistes... A vous de les approfondir...


samedi 16 décembre 2017

Soljenitsyne : Dies horribilis ou Une Journée d'Ivan Denissovitch


C’est en 1945 que l’écrivain Soljenitsyne, capitaine d’artillerie dans l’Armée rouge, est arrêté et envoyé au bagne en Sibérie pour huit ans, sous le prétexte d’avoir, dans une lettre, insulté Staline. Il devient ainsi un « zek », un détenu des camps de travaux forcés.



La première version de son roman autobiographique, première œuvre de l’auteur, parue en 1959, en Russie, sous le titre CH-854, Une journée d’un zek, fut  censurée deux ans plus tard puis republiée en 1962 avec un tirage de cent mille exemplaires mais toutes les versions en furent ensuite détruites. Ce n’est qu’en 1973 qu’elle fut de nouveau éditée intégralement en traduction française, aux Editions YMCA de Paris, puis traduite dans de nombreuses langues. Une Journée d’Ivan Denossovitch, révéla alors au monde entier les affres de la vie dans le Goulag. Une vie où une cuillère supplémentaire de bouillie de céréales ouvre la porte du bonheur, où une pincée de tabac mastiquée par un autre évoque le paradis, où un bout de lame de scie cassée dont on peut fabriquer un couteau devient un inestimable trésor, où le seul espoir qui demeure est celui de voir le thermomètre descendre au dessous de moins quarante et un, seule situation dans laquelle le travail quotidien peut être annulé…



Soljenitsyne dresse l’ambiance : insupportable froid, absence de chauffage faute de combustible, murailles de barbelés, appels sous la neige, fouilles interminables et répétitives lorsque les détenus rentrent du travail pour vérifier qu’ils n’ont pas subtilisé aux échafaudages du chantier de petits morceaux de bois destinés à se chauffer, angoisse de commettre une faute qui vous conduira au cachot, l’antichambre de la mort, bref, une multitude de brimades et avanies quotidiennes auxquelles seuls pourront survivre ceux qui ont appris à ne plus se révolter et à encaisser en silence...

« Quand il était jeune, Choukhov, qui sait les brassées d’avoine qu’il a portées aux chevaux ! Jamais il ne se serait figuré qu’un jour, ça lui donnerait à rêver, une poignée d’avoine… »




Un livre où on a faim et froid du matin au soir : les « zeks » sont nourris, juste ce qu’il faut pour leur permettre de travailler dur, mais pas assez pour éprouver jamais la sensation de la satiété ; la nourriture devient une obsession de chaque instant ; quant à leurs vêtements et leurs chaussures, ils ne leur permettent pas d’échapper à la morsure du froid :

« Ce départ en pleine nuit pour l’appel du matin, par froid de loup, avec la faim au ventre pour la journée entière, il n’y a pas pire crève-cœur. On en ravale sa langue. Ça vous coupe l’envie entre causer entre soi… »



Soljenitsyne nous explique comment conjurer la faim : surtout, ne pas manger trop vite ni finir sa ration gloutonnement mais, au contraire, la fractionner et la mâcher avec cérémonie :

« On aurait dû manger en y pensant, en pensant seulement à ce qu’on mangeait, comme il faisait, en détachant de tout petits morceaux avec ses dents, en se les promenant sous la langue, et en les suçant avec le dedans des joues, de sorte qu’on ne perde rien de ce bon pain noir humide… »

Un monde cruel, où le pire ennemi du « zek » est un autre « zek », qui vole le pain de midi, deux cents grammes mis dans une caisse en commun :

« C’était un moyen de tourmenter les gens en leur créant des soucis en plus : mordre un coin de sa miche, bien se rappeler l’entaille qu’on y a faite, déposer la miche dans la caisse, et, après, vu que tous les morceaux se ressemblent puisque c’est du même pain, sa faire un sang d’encre, tout le temps de la marche, à se demander si on ne t’a pas échangé ton morceau, et puis se disputer avec les autres ensuite, et, des fois, jusqu’à la bagarre… »



Au fil des ans, le « zek », mis au ban du monde réel, n’est plus qu’une bête de somme dont s’effacent peu à peu les souvenirs d’antan, car, il ne comprend plus le sujet des lettres de ses proches et lui-même ne sait plus quoi leur écrire. Et il ignore s’il retrouvera un jour la vie normale  : 

« Mais est-ce qu’on la lui rendra, la liberté ? Est-ce qu’on ne va point, pour diantre sait quoi, lui flanquer encore dix ans de rallonge ? »

Un livre terrible, témoignage accablant contre le système concentrationnaire soviétique ou contre toutes formes de bagne.  

« Des journées comme ça, dans sa peine, il y en avait, d’un bout à l’autre, trois mille six cent cinquante-trois. Les trois de rallonge, c’était la faute aux années bissextiles.»





mardi 12 décembre 2017

Gustave Flaubert, l'homme-plume né le 12 décembre 1821

Il naquit à Rouen le 12 décembre 1821, à quatre heures du matin, notre adoré Gustave !

La chambre natale de Flaubert sur une carte postale



C’est en 1831, soit à l’âge de dix ans, qu’il commence à écrire !

Si tu veux nous associer pour écrire, moi, j’écrirai des comédies et toi tu écriras tes rêves, et comme il y a une dame qui vient chez papa et qui nous conte toujours de bêtises, je les écrirai,  écrit-il à son ami  Ernest Chevalier.

On ne présente plus Gustave ! Aussi me contenterai-je de donner quelques citations que j’aime, extraites de sa correspondance avec Louise Colet :

31 aout 1846 : J’ai la peau du coeur, comme celle des mains, assez calleuse : ça vous blesse quand on y touche ; le dessous peut-être n’en est que plus tendre.

23 octobre 1846 : Le bonheur est un usurier qui, pour un quart d’heure de joie qu’il vous prête, vous fait payer toute une cargaison d’infortunes.

Le pavillon de Croisset sur une carte de 1906


20 décembre 1846 : J’ai en moi, au fond de moi, un embêtement radical, intime, âcre et incessant, qui m’empêche de rien goûter et qui me remplit l’âme à la faire crever. Il reparaît à propos de tout, comme les charognes boursouflées des chiens qui reviennent à fleur d’eau, malgré les pierres qu’on leur a attachées au cou pour les noyer.


31 janvier 1852 : Je suis un homme-plume. Je sens par elle, à cause d’elle, par rapport à elle et beaucoup plus avec elle.


24 avril 1852 : J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre.

Le nécessaire d'écriture de Flaubert sur le site de l'Université de Rouen

9 septembre 1852 : J’ai plus de livres en tête que je n’aurai le temps d’en écrire d’ici à ma mort.

21 mai 1853 : Mais il ne faut jamais penser au bonheur ; cela attire le diable, car c'est lui qui a inventé cette idée-là pour faire enrager le genre humain.

Octobre 1856 : dans une lettre à Elise Schlésingert : Ma vie a été fort plate - et sage - d'actions au moins. Quant au dedans, c'est autre chose ! Je me suis usé sur place, comme les chevaux qu'on dresse à l'écurie ; ce qui leur casse les reins.

Carte postale ancienne commémorant la naissance de Flaubert


Alors, bon anniversaire Gustave ! Heureusement que tu es né !




Voir aussi mon article sur Flaubert et Louise Colet : La muse et l'homme-plume
Flaubert : La muse et l'homme-plume

lundi 11 décembre 2017

Terminale L: résumé du Journal des Faux-Monnayeurs de Gide pour les "égarés"

Résumé facile du Journal des Faux Monnayeurs



PREMIER CAHIER DU 17 JUIN 1919 AU 7 DECEMBRE 1921
Dans le premier cahier, il réfléchit en général sur l’intrigue, son moment, les personnages en général. Il pense à réutiliser des faits divers de sa propre vie ; il conçoit d’utiliser des passages de son journal sous la plume d’Edouard.

DEUXIEME CAHIER D’AOÛT 1921 AU 8 JUIN 1925
Dans le deuxième cahier, il réfléchit sur la conception du roman, ce qu’il appelle le « pur roman », insiste sur le personnage d’Edouard, juge les autres personnages qu’il a imaginés, comme Bernard, Olivier, Robert, Vincent, La Pérouse, Mélanie Vedel, Lilian, Azaïs, Boris...

Les fausses pistes

Premier cahier
-Au début, il envisage de faire de Lafcadio, le héros des Caves du Vatican, le narrateur de son livre. Il souhaite que ce personnage soit le « pervertisseur ».
-Il envisage de raconter l’histoire de deux sœurs (p.14) l’ainée qui épouse un être médiocre mais fait des efforts pour cacher cette médiocrité à sa famille et joue le rôle du « ménage modèle ». Puis, il se dit qu’il ne faut pas mettre deux sœurs, car il n’aime pas les « pendants »
Le 30 juillet 1919, il imagine un vagabond que Lafcadio rencontrerait sur la route et qui servirait de trait d’union entre lui et Edouard.
Le 16 juin 1921, il reparle de « Z », avec l’histoire de deux sœurs dont le mari de l’une a eu un enfant avec une autre femme ; puis, il imagine un homme qui a épousé une des deux sœurs mais a un enfant avec la cadette ; finalement, il abandonne cette trame.
Deuxième cahier
Le 1 novembre 1924 : « La vie nous présente de toutes parts quantité d’amorces de drames mais il est rare que ceux-ci se poursuivent et se dessinent comme a coutume de les filer un romancier ».

Les cahiers dans lesquels il écrit
Le 17 juin 1919, il parle d’un « cahier gris. »



L’utilisation des faits de son quotidien
Premier cahier
Le 16 juillet 1919, il a ressorti les coupures de journaux sur les faux-monnayeurs et pense mêler ce sujet avec une intrigue sur le suicide de lycéens.
Le 3 mai 1921, Il surprend un adolescent en train de voler un livre, un guide d’Algérie, et parle avec lui ; il pense utiliser cette anecdote dans son roman mais en la faisant raconter l’adolescent lui-même.
Deuxième cahier
Il a rencontré dans un train, alors qu’il était avec Marc Allégret, une jeune fille handicapée ; à l’arrivée à Nice, les deux femmes qui l’accompagnent tentent de la déplacer mais la jeune fille se met à gémir ; la tante explique que la jeune fille a dix-sept ans, qu’elle est malade depuis 18 mois et qu’il s’agit d’une « paralysie nerveuse, suite à une grande peur ». Il songe à faire utiliser cet épisode par Edouard.
Dans un wagon de train vers Annecy, un ouvrier qui n’arrive pas à allumer sa pipe lui dit qu’au prix des allumettes, « il vaut mieux qu’elles ne s’allument pas ».
Le 8 février 1924, de nouveau en train, il se plaint de ses voisins qui font du bruit et l’empêchent de lire et il rapporte leur dialogue insignifiant ; par contre, il remarque que la dame ne finit pas ses phrases et qu’il pourrait donner cette caractéristique à Mélanie Vedel.

Gide à Jersey par Theo Van Rysselbherge

L’élaboration progressive du roman : intrigue, thèmes, personnages
Premier cahier
Il se rend compte qu’il ne peut pas tout faire entrer dans son livre : 17 juin 1919 : « Aussi bien est-ce une folie sans doute de grouper dans un seul roman tout ce que me présente et m'enseigne la vie. Si touffu que je souhaite ce livre, je ne puis songer à tout y faire entrer. »
 « Ne jamais exposer d’idées qu’en fonction des tempéraments et des caractères » dit-il le 17 juin 1919.
« Les personnages demeurent inexistants aussi longtemps qu'ils ne sont pas baptisés »
« Il n’est sans doute pas adroit de situer l’action de ce livre avant la guerre et d’y faire entrer des préoccupations historiques… l’avenir m’intéresse plus que le passé »
Le 6 juillet 1919, il envisage de commencer son livre sur une scène se passant dans un café puis pense utiliser le lieu du jardin du Luxembourg où se passerait le trafic de pièces d’or. Il utilise la première fois le prénom « Edouard » pour un personnage de l’entourage de Lafcadio.
Le 11 juillet, il déclare : « je voudrais éviter ce qu’a d’artificiel une intrigue ».
Le 25 juillet 1919, il imagine un personnage appelé « Z » qui serait en révolte contre son éducation religieuse trop rigoriste et travaillerait « à débaucher et pervertir les enfants du pasteur » ; il imagine aussi qu’un des fils du pasteur sera entrainé à jouer par le débaucheur (il perdrait au jeu l’argent mis de côté pour l’accouchement de son amie).
Le 26 juillet 1919, il se demande s’il peut concevoir toute l’action en fonction de Lafcadio et le 28, il a décidé, il ne fera pas tout passer à travers Lafcadio. Il imagine ses personnages comme de petites bobines auxquelles il enroulerait le fil de ses idées.
Le 13 janvier 1921, il a l’idée que son carnet devienne « le carnet d’Edouard »
Le 22 avril 1921 à paris, il a une sorte « d’illumination » pour le début des FM et imagine la rencontre entre Edouard et Lafcadio sur le quai de la gare (c’est l’ébauche des retrouvailles entre Edouard et Olivier)
Le 3 mai 1921, il imagine un « sentiment » entre Edouard et Lafcadio.
Le 9 juillet 1921, il imagine le sujet du bachot, les méditations d’Edouard, la révolte des enfants contre les parents.
Deuxième cahier
Il parle d’un personnage nommé Lucien qui est le symbole de l’hypocrite et il définit l’hypocrisie.
En août 1921, il explique que ses personnages « vivent en lui » mais qu’il n’aime pas leur imaginer des détails réalistes et leur inventer une famille ; « je vois chacun de mes héros… orphelin, fils unique, célibataire et sans enfant ».   C’est pour cela qu’il pense garder Lafcadio.
Le 20 août 1922, il utilise le prénom de Bernard.
Le 1 novembre 1922, il pense à mettre « dans la bouche d’Edouard » toutes ses réflexions sur le « pur roman » mais il pense qu’Edouard ne parviendra jamais à l’écrire. « C’est un amateur, un raté. Personnage d’autant plus difficile à établir que je lui prête beaucoup de moi ». Il parle aussi ce jour-là d’Olivier, qui fréquente Robert, qui parle de façon péremptoire de choses qu’il ne connait pas (on remarque donc qu’il a donné un prénom à ses personnages).
Le 23 février 1923, il émet des jugements sur Bernard chez lequel « chaque amour, chaque adoration, entraîne un dévouement, une dévotion », puis sur Olivier, qui « commet des actions profondément contraires à sa nature et à ses goûts », ce qui entraîne une « abominable dégoût de lui-même ». Il conclut en disant que « Vincent et Olivier ont de très bons et nobles instincts et s’élancent dans la vie avec une vision très haute de ce qu’ils doivent faire ; - mais ils sont de caractère faible et se laissent entamer ». Il ajoute que Vincent « se laisse lentement pénétrer par l’esprit diabolique… il sent vraiment qu’avec Satan il a partie liée. Il sent qu’il appartient d’autant plus à Satan qu’il ne parvient pas à croire à l’existence réelle du Malin… mais toujours revient en son esprit ce thème : ̏ Pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas. Il finit par croire à l’existence de Satan comme à la sienne, c’est-à-dire qu’il finit par croire qu’il est Satan » … Il comprend par quels arguments le Diable l’a dupé lorsqu’il s’est trouvé pour la première fois près de Laura, dans ce sanatorium dont ni l’un ni l’autre ne croyait pouvoir sortir », en lui faisant croire que ce qu’ils allaient faire ne porterait pas à conséquence.
Le 3 novembre 1923, il a lu des pages de son roman à Martin du Gard et il pense que les meilleures parties de son roman sont « celles d’invention pure » Il pense qu’il a raté le personnage de La Pérouse car il l’a « trop rapproché de la réalité ».
Le 15 novembre 1923, il écrit qu’il est plus facile de faire parler un personnage lointain de lui : « ce n’est pas ce qui me ressemble mais ce qui diffère de moi qui m’attire ».
Le 6 janvier 1924, il compare son livre à une « plante qui se développe et le cerveau n’est plus que le vase plein de terreau qui l’alimente et la contient ».
Le 31 Mars 1924, il pense que lady Griffith « doit rester comme hors du livre… elle n’a pas d’existence morale ni même à vrai dire de personnalité ; c’est là ce qui va gêner Vincent bientôt ; ces deux amants sont faits pour se haïr ».
Le 27 mai 1924, il émet des jugements sur le « frère ainé de Bernard », l’avocat Charles, dont on sait peu de choses sauf qu’il ressemble à son père avec lequel pourtant il communique peu, exerce sa profession au rez-de-chaussée de la maison et prononce une phrase assez cruelle lorsque son père lui apprend que Bernard a quitté la maison : « Dieu chasse l’intrus… » Selon Gide, « écouter autrui risquerait de l’affaiblir »
Le 27 mai 1924, Gide écrit au sujet des personnages : « Le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir… j’ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent sans du tout savoir ce que je ferais de ces personnages ni qui ils étaient »
Le 6 juillet 1924, il pense que « Profitendieu est à redessiner complètement : « il est beaucoup plus intéressant que je ne le savais ».
Le 27 juillet 1924, il explicite le personnage de Boris : « le pauvre enfant comprend qu’il n’y a pas une seule de ses qualités, pas une de ses vertus, qui ne puisse être tournée en défaut par ses camarades »
Le 10 août 1924, il évoque la Confrérie des Hommes forts sans la nommer en précisant que leur « absurde devise » était « pas d’effort inutile ». Aucun d’eux ne comprenait le sens de l’effort …
Le 20 novembre 1924, il envisage une idée à exploiter dans un futur roman : « comment ceux d’une nouvelle génération, après avoir critiqué, blâmé les gestes et attitudes (conjugales par ex.) de ceux qui les ont précédés, se trouvent amenés peu à peu à refaire à peu près les mêmes ».
Il poursuit cette réflexion le 3 janvier 1925, avec le personnage de Bernard, dans ses relations avec son père.
Fin janvier, il réfléchit sur la notion d’équipe et arrive à la conclusion que pour former une équipe modèle, il faut « chercher à faire triompher l’équipe mais ne pas chercher à se distinguer ».
Le 8 mars 1925, Martin du Gard lui conseille d’allonger son roman pour « profiter plus des personnages qu’il a créés »
En mai 1925, à quelques jours de la fin de son livre, il décide de diviser son livre en 3 parties, pour augmenter l’importance de la troisième. Il précise aussi qu’il aime bien les fins précipitées : « j’aime à donner à mes livres l’aspect d’un sonnet qui commence en quatrains et finit en tercets. Il me parait inutile d’expliquer tout au long ce que le lecteur attentif a déjà compris ; c’est lui faire injure. »




La conception du roman
Le 5 août 1919, il souhaite que son roman soit unique et « qu’il ne soit assimilable à rien d’autre ».
Le 21 novembre 1920, il se repose le problème du sujet et déclare : « Tout ce que je vois, tout ce que j’apprends, tout ce qui m’advient depuis quelques mois, je voudrais le faire entrer dans ce roman et m’en servir pour l’enrichissement de sa touffe » Il ajoute qu’il ne veut pas que les événements soient racontés par l’auteur mais par ceux des acteurs qui y ont participé (il conçoit donc la multiplicité des narrateurs). Par exemple, il souhaite que « toute l’histoire des faux-monnayeurs … soit découverte petit à petit ; à travers les conversations ».
Le 2 janvier 1921 il déclare que pour bien écrire, il doit se persuader que ce livre « est le seul et dernier roman » qu’il écrira et que donc, il peut « tout verser sans réserve ».
Deuxième cahier
En août 1921, il réfléchit sur le réalisme ; il regrette que le roman se soit toujours « cramponné à la réalité »
Le 11 octobre 1922, il pense que son roman se développe à l’envers ; il ne travaille pas chronologiquement : « Les chapitres, ainsi, s’ajoutent, non point les uns après les autres, mais repoussant toujours plus loin celui que je pensais d’abord devoir être le premier ».
Le 28 octobre 1922, il expose sa théorie des personnages : « ne pas amener trop au premier plan ou du moins pas trop vite, les personnages les plus importants, mais les reculer, au contraire, les faire attendre, ne pas les décrire mais faire en sorte de forcer le lecteur à les imaginer comme il sied… Dans cette première scène du Luxembourg, je fais parler les indifférents… » 
Le 1 novembre 1922, il formule sa théorie du « pur roman » : « purger le roman de tous les éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman. On n’obtient rien de bien par le mélange. J’ai toujours eu horreur de ce que l’on a appelé la synthèse des arts, qui devait, suivant Wagner, se réaliser sur le théâtre. Et cela m’a donné l’horreur du théâtre et de Wagner » … Il pense que personne n’a pu approcher du « pur roman » à part Stendhal qui s’en rapproche… Il critique le réalisme balzacien car il pense que Balzac mêle au roman des éléments qui n’ont rien à y faire : « Balzac, s’il est peut-être le plus grand de nos romanciers, est surement celui qui mêla au roman et y annexa et y amalgama, le plus d’éléments hétérogènes et proprement inassimilables par le roman ».
Le 27 mars 1924, il pense, en ce qui concerne « le style » de son roman, que tout doit être dit de la manière la plus plate » ; le lendemain ; il précise que dès le début, il n’a pas cherché à peindre l’état intérieur du personnage mais plutôt à trouver la phrase exacte qui le traduirait.
Le 10 avril 1924, il dit que chaque chapitre d’un roman doit apporter du nouveau : « un surgissement perpétuel ; chaque nouveau chapitre doit poser un nouveau problème, être une ouverture, une direction, une impulsion, une jetée en avant »
Le 27 mai 1924, Gide écrit au sujet des personnages : « Le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir… j’ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent sans du tout savoir ce que je ferais de ces personnages ni qui ils étaient »
Le 8 mars 1925, il expose son idée sur la fin du roman : « Celui-ci s’achèvera brusquement, non point par épuisement du sujet, qui doit donner l’impression de l’inépuisable mais au contraire par son élargissement et par une sorte d’évasion du contour. Il ne doit pas se boucler mais s’éparpiller, se défaire. »
Le 29 mars 1925, il parle de son lecteur : « tant pis pour le lecteur paresseux : j’en veux d’autres. Inquiéter, tel est mon rôle ». Et il ajoute en mai qu’il aime les fins précipitées car il lui semble inutile d’expliquer tout au long ce que le lecteur attentif a déjà compris ; c’est lui faire injure. »
Il termine sa réflexion générale sur le roman le 9 juin 1925, par une citation de Thibaudet que lui a donnée Martin du Gard : « Le romancier authentique crée ses personnages avec les directions infinies de sa vie possible ; le romancier factice les crée avec la ligne unique de sa vie réelle. Le génie du roman fait vivre le possible, il ne doit pas revivre le réel. »
Il conclut définitivement en disant que c’est au lecteur de penser comme il veut.



 L’époque de l’action du livre
Premier cahier
 Il a des hésitations sur le moment où il doit situer son roman
Le 29 juin 1919, il écrit qu’il ne veut pas situer son roman avant la Première Guerre mondiale car il ne veut pas y faire entrer de « préoccupations historiques » Mais le 30 juillet, il se rend compte que l’intrigue de la fausse monnaie ne peut se passer qu’avant la guerre, puisque les pièces d’or ont disparu après comme monnaie. 

L’avancée du livre et les difficultés d’écriture
Premier cahier
Le 20 juin 1920, à Cuverville, il parle d’une journée de « torpeur abominable » et se dit « incapable d’écrire la moindre lettre »
Le 11 juillet 1919, il est en colère contre lui-même car il se laisse distraire par les soucis du quotidien et n’a pas travaillé son livre ; il se dit qu’il attend trop de l’inspiration et que cette dernière ne peut être que le résultat d’une recherche.
Le 1 août 1919, il expose ses difficultés de travail : il n’a fait que « brasser des nuages ». Puis, il cesse d’écrire pour se consacrer à ses Mémoires.
Le 9 septembre 1919, il constate qu’il a passé un mois sans écrire.
Il y a alors une coupure de 14 mois où il n’écrit rien puisqu’il recommence son journal le 21 novembre 1920. Il précise qu’il a fait la rédaction de Si le grain ne meurt.
Le 1 janvier 1921, Martin du Gard lui a conseillé de travailler avec des fiches mais pense que cette méthode ne peut pas lui convenir.
Il commence la rédaction du roman en octobre 1921.
Le 25 novembre 1921, il rappelle qu’il a écrit les premiers chapitres en octobre et se compare à une baratte à beurre qui sépare le beurre du petit-lait.
Le 7 décembre 1921, il dit qu’il a écrit facilement les trente premières pages de son livre.
Deuxième cahier
En août 1921, il parle de « l’extrême difficulté qu’il a à faire avancer son livre » est due au fait qu’il traite deux sujets à la fois, l’événement mais aussi « l’effort même du romancier pour faire un livre avec cela »
Le 27 décembre 1923, il a lu à Jacques Rivière, 17 chapitres sur 18 de la première partie du roman. Il émet le projet d’ajouter dès le début un élément fantastique.
Le 17 mai 1924, il a écrit les trois chapitres avant la rentrée de la pension.
Le 1 novembre 1924, il devait partir pour le Congo mais il a repoussé son départ pour finir son roman. Il vient d’écrire la tentative de suicide d’Olivier et ne voit plus devant lui « qu’un embrouillement terrible, un taillis tellement épais (qu’il ne sait) à quelle branche s’attaquer d’abord »
Le 29 mars 1925, il a écrit les chapitres qui lui semblaient difficiles ; il explique avoir eu des difficultés à commencer chaque nouveau chapitre.
Il écrit qu’il a terminé les Faux-Monnayeurs le 8 juin 1925...




Ses références littéraires
Premier cahier
Le 20 juin 1919, il a lu A Death in the desert de Browning (poète et dramaturge britannique du 19e) et il dit que cette lecture a mis en fermentation (sa) cervelle comme le plus capiteux des vins ».
Le 16 août 1919, il fait l’éloge de la phrase parfaite de Stendhal.
Le 2 janvier 1921, il trouve que Martin du Gard éclaire trop « de face les événements » ; il critique aussi Tolstoï qui a tendance à dresser des panoramas
Le 13 janvier 1921, il trouve que « la grande erreur du livre de « X », c’est que ses « personnages parlent toujours pour le lecteur.   L’auteur leur a confié la mission de tout expliquer ». Mais il pense qu’au contraire, le personnage ne doit parler que « pour celui à qui il s’adresse ».
Le 16 juin 1921, il a rédigé une préface pour Armance, de Stendhal.
Deuxième cahier
En août 1921, il critique le Symbolisme à qui il reproche le manque de curiosité qu’ils ont manifesté pour la vie : « La poésie devint pour eux un refuge, la seule échappatoire aux hideuses réalités ».
Il explique aussi son goût pour le genre épique.
Le 28 novembre 1921, il pense utiliser une citation de L’Idiot de Dostoïevski en pensant qu’elle convient à son roman.
Le 1 novembre 1922, il déclare avoir horreur de la synthèse des arts comme l’a voulue Wagner, qu’il n’aime pas du tout ce genre de théâtre et qu’il n’aime que le « théâtre qui se donne simplement pour ce qu’il est et ne prétende être que du théâtre » ; il loue la pureté des tragédies et comédies du XVIIe siècle…. Il donne aussi son jugement sur La Princesse de Clèves : « une merveille de tact et de goût » … Il critique le réalisme balzacien car il pense que Balzac mêle au roman des éléments qui n’ont rien à y faire : « Balzac, s’il est peut-être le plus grand de nos romanciers, est surement celui qui mêla au roman et y annexa et y amalgama, le plus d’éléments hétérogènes et proprement inassimilables par le roman. » Il pense que les Anglais comme De Foe (auteur anglais de la fin du 17e qui a écrit Robinson Crusoé), Fielding (auteur anglais du 18e qui a écrit le roman Histoire de Tom Jones) ou Richardson (auteur du 18e qui a écrit Pamela ou la vertu récompensée et Clarisse Harlow) « ont atteint une plus grande pureté dans le roman. »
Le 5 mars 1923, il rêve de Marcel Proust. Il est assis en train de lui en train de parler et il fait tomber de la bibliothèque de vieux livres, ce qui le contrarie car il craint d’avoir abimé les livres ; c’est en effet ce qui s’est passé, il se rend compte qu’il a détruit la couverture de livres très précieux de Saint-Simon, il s’excuse mais Proust, très courtois, ne le lui permet pas ; plus tard, Proust s’étant retiré, il avoue au majordome qui lui fait traverser de luxueux salons qu’il a fait exprès de faire tomber les livres et il se jette à ses pieds en sanglotant.
Le 14 février 1924, il refuse de préfacer l’Histoire de Tom Jones de Fielding car il trouve la traduction trop médiocre.
Le 27 juillet 1924, il émet un jugement sur Jarry dont il pense qu’il avait « un sens exact de la langue ».
Fin janvier 1925, il cite un vers de Bajazet : « je me plains de mon sort moins que vous ne pensez »

Sur le diable
Premier cahier
Le 2 janvier 1921, il réfléchit sur le diable : « plus on le nie, plus on lui donne de réalité » Il se met à penser que le point invisible autour duquel graviteraient tous les personnages, ce serait lui.
Le 13 janvier 1921, il reparle du diable : « j’en voudrais un qui circulerait incognito à travers tout le livre et dont la réalité s’affirmerait d’autant plus qu’on croit moins en lui » C’est le propre du diable dont le motif d’introduction est pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas » Il pense faire de cette « très importante phrase, une des clés de voûte du livre ».
Deuxième cahier
Le 23 février 1923, il fait un long développement sur Vincent qui « se laisse lentement pénétrer par l’esprit diabolique ».

Appendice, chapitre « Identification du démon »
Il poursuit des réflexions sur le diable déjà amorcées dans le roman : « Tandis qu’on ne peut servir Dieu qu’en croyant en Lui, le diable, lui, n’a pas besoin qu’on croie en lui pour le servir. Au contraire, on ne le sert jamais si bien qu’en l’ignorant… moins je crois en lui, plus je l’enforce… c’est précisément là ce qu’il désire : qu’on ne croie pas en lui. »
 « Dès l’instant que j’admets son existence… il me semble que tout s’éclaire, que je comprends tout ; il me semble que tout à coup, je découvre l’explication de ma vie…. Nombre d’esprits, et que je tiens pour des plus grands, croyaient à l’existence du diable… et je sens en moi, certains jours, un tel envahissement du mal, qu’il me semble déjà que le mauvais prince y procède à un établissement de l’enfer »

Sur l’amour

Premier cahier
Stendhal parle de la cristallisation mais ce qui intéresse Gide c’est la décristallisation. Il parle d’un amour déçu où la femme reproche à l’homme ses infidélités mais il pense qu’elles n’en sont pas puisque son amour pour elle est intact et qu’il n’a jamais eu de relations charnelles avec elle.
Deuxième cahier

Sur le mensonge, la fausseté
Deuxième cahier
« Ce que j’appelle un esprit faux, … c’est celui qui éprouve le besoin de se persuader qu’il a raison de commettre tous les actes qu’il a envie de commettre… Le véritable hypocrite est celui qui ne s’aperçoit plus du mensonge, celui qui ment avec sincérité »


Portrait de Gide par Paul Albert Laurens en 1924 (Fondation Catherine Gide)
 http://www.fondation-catherine-gide.org/accueil-archives-fondation-catherine-gide


Appendice
-Une coupure du Figaro de 1906 racontant comment des faux-monnayeurs utilisaient  des jeunes gens pour écouler leurs pièces.
-Une coupure du Journal de Rouen de juin 1905 racontant le suicide d’un lycéen après un tirage au sort.
- Une lettre de CH.B au sujet du suicide d’un ami commun.
- Une lettre d’une lectrice, Suzanne Paul-Hertz, le 13 janvier 1927 qui lui reproche que le personnage de La Pérouse est copié chez Saint-Simon et qu’il aurait dû avouer son pastiche.
- La réponse de Gide à la dame où il lui explique que La Pérouse a été inspiré par son vieux professeur de piano.
-Des pages du journal de Lafcadio constituant le « premier projet des FM » et dans lesquelles il parle d’Edouard.
-Un chapitre intitulé « Identification du démon » et qui est une réflexion sur le diable.