vendredi 4 octobre 2019

Oral Bac de français 2020 : la lecture linéaire


Oral Bac de français 2020 : la lecture linéaire

Pour rappel, le nouvel oral de français comporte deux parties :

Première partie de 12 minutes, 12 points
L’examinateur choisit dans le descriptif un texte d’une vingtaine de lignes que l’élève est chargé d’analyser.
-L’élève procède à la lecture à haute voix du passage choisi par l’examinateur = 2 points.
-Puis il effectue l’explication linéaire du passage = 8 points.
-Enfin, il répond à une question de grammaire sur le texte que lui aura donnée l’examinateur = 2 points

Deuxième partie de 8 minutes, 8 points
Il s’agit d’un entretien, d’un dialogue avec l’examinateur.
-Tout d’abord, l’élève choisit une des œuvres étudiées en classe et la présente à l’examinateur en justifiant son choix.
-Puis, l’examinateur lui pose des questions et dialogue avec lui pour évaluer sa maîtrise de l’expression orale et sa connaissance de l’œuvre.




La nouvelle définition des épreuves se caractérise donc par le grand retour de l’explication  linéaire !

Après une quarantaine d’années où on l’avait vilipendée au profit de la lecture méthodique puis analytique, la voilà de retour !

Mais il ne s’agit pas de revenir en arrière, ce n’est pas la lecture linéaire de grand-papa, elle demande de la méthode !




Qu’est-ce qu’une lecture ou explication linéaire ?

C’est une explication qui suit la progression du texte (on disait autrefois qu’il s’agissait d’une explication « ligne à ligne », d’où son nom…) ; en réalité, on devrait plutôt dire paragraphe par paragraphe, ou strophe par strophe, ou partie du texte par partie du texte.  

Il s’agit donc d’étudier le texte en suivant l’ordre chronologique de ses « mouvements », c’est-à-dire de son plan, entre deux et quatre parties.



La méthode de la lecture linéaire

Je propose cette méthode mais l’ordre des éléments 2 et 3 peut être légèrement modifié, par exemple, certains proposent de définir l’enjeu de la lecture (la problématique) à la fin de l’introduction avant la lecture…
Cependant, dans son étude du poème « Isolement » de Lamartine, le site Eduscol  explique les mouvements du texte avant de donner l’enjeu de l’explication ; c’est la méthode que j’ai retenue ; mais ce ne sont que des détails, à vous de choisir en fonction des conseils de votre professeur ou de vos préférences personnelles…



1 Votre introduction 

Présentation générale de l’œuvre avec, si c’est important, les causes ou les circonstances de son écriture par l’auteur ; genre du texte et son sujet, situation du texte dans l’œuvre ou le parcours.

2 Lecture expressive du texte à haute voix (notée sur deux points)

3 Une rapide présentation des  mouvements du texte ce qui vous conduira à définir l’enjeu de l’explication (la problématique)

A la fin de la lecture, présentez rapidement les deux ou trois mouvements (parfois quatre, mais plus rarement)  que vous avez identifiés ;  vous pouvez leur donner à chacun un titre (comme des « axes de lecture ») ; puis, vous définirez l’enjeu de l’explication (la problématique, appelée aussi « piste de lecture »).


4. Développer l’explication en suivant les mouvements du texte que vous avez définis

Vous étudiez l’un après l’autre, en suivant l’ordre chronologique du texte, les deux ou trois mouvements (ou parties) que vous avez identifiés.

Attention, ne séparez jamais l’étude de ce qui est dit (le fond) de la façon de le dire (la forme). Le danger principal est de tomber dans la paraphrase, c’est-à-dire de « raconter le texte », ou en caricaturant, de redire en moins bien ce que l’auteur, lui, a bien dit ! Vous devez donc demeurer très attentif aux procédés littéraires employés.

5 Conclure en effectuant la synthèse sur l’enjeu de l’explication.

N’oubliez pas, pour enrichir votre explication, de proposer à la fin la fameuse « ouverture », qui peut consister en une mise en parallèle avec un autre texte de l’œuvre intégrale ou du parcours, une planche d’histoire de l’art ou tout simplement un élément emprunté à votre culture personnelle…



Cet article n’est pas définitif, il pourra comporter des ajustements en fonction des remarques des professeurs et des élèves…

Bon courage !

Suivez mon blog ; dans mon prochain article, je vous donnerai un exemple rédigé d’explication linéaire…

Mon autre blog, Gisèle Durero Koseoglu, écrivaine d'Istanbul
http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/

mercredi 2 octobre 2019

Présentation du nouveau Bac de français Première générale 2019.2020


Présentation du nouveau Bac de français général 2019.2020

Ce texte s’adresse aux élèves de Première générale qui, à ce stade de l’année, se posent encore des questions sur ce qui les attend et aussi aux parents saisis par le doute !

Baudelaire par Courbet en 1847


Le nouveau Bac : ce qui a changé.
-Il comporte, comme par le passé, une épreuve écrite et une épreuve orale mais la nature des épreuves est modifiée (abandon de la question sur corpus et de l'écriture d'invention à l'écrit et refonte de l'oral).
-Les œuvres à étudier sont imposées par un programme national. Le bac de français comporte comme avant quatre objets d’étude mais impose un choix d’œuvres (qui sera renouvelé par moitié chaque année) à l’intérieur de chaque objet d’étude.
-Attention, les coefficients du Bac de français ont changé : coefficient 10 au total, 5 pour l’écrit, 5 pour l’oral, soit le même coefficient que le Grand Oral de Terminale !
-La lecture linéaire, abandonnée depuis les années 80, fait son grand retour à l’oral.
-L’oral comporte une question de grammaire sur deux points, ce qui est nouveau.

Le programme : quels sont les objets d’étude ?
Les objets d’étude ont peu changé, même si la dénomination est différente, on retrouve les 4 grands genres littéraires, avec la poésie, l’argumentation, le roman et le théâtre. Pour chaque objet d’étude, le professeur choisit dans le programme national une œuvre à étudier ; l’élève a donc 4 œuvres intégrales à lire et à analyser.

Programme de la classe de Première de la voie générale

Objet d'étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

- Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IV / parcours : Les Mémoires d'une âme.

- Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal / parcours : Alchimie poétique : la boue et l'or.

- Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours : Modernité poétique ?

  


Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle 

- Montaigne,  Essais, « Des Cannibales », I, 31 ; « Des Coches », III, 6 [translation en français moderne autorisée] / parcours : Notre monde vient d'en trouver un autre.

- Jean de La Fontaine, Fables (livres VII à XI) / parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle.

- Montesquieu, Lettres persanes / parcours : Le regard éloigné.

 


Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

- Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.

- Stendhal, Le Rouge et Noir / parcours : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.

- Marguerite Yourcenar : Mémoires d'Hadrien / parcours : Soi-même comme un autre. 

 


Objet d'étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

- Jean Racine, Phèdre / parcours : Passion et tragédie.

- Beaumarchais, Le Mariage de Figaro / parcours : La comédie du valet.

- Samuel Beckett, Oh ! Les Beaux jours / parcours : Un théâtre de la condition humaine.




Mais aussi d’autres textes

A chaque œuvre intégrale choisie est associé un parcours d’étude (une problématique) comportant des textes d’autres auteurs au choix du professeur. Il peut y avoir aussi des lectures complémentaires (cursives) et des études de planches d’histoire de l’art non obligatoires.

Les instructions officielles conseillent de faire étudier pour chaque objet d’étude 3 textes tirés de l’œuvre choisie et 3 textes illustrant le parcours associé. Le Descriptif des activités fourni par le professeur en fin d’année comportera donc au minimum 24 textes et illustrations...

Tableau de Fantin-Latour


Les épreuves

L’écrit
Il ne comporte plus que deux épreuves au choix ; durée = 4 heures, coefficient 5

-Un commentaire portant sur un texte littéraire en lien avec un des objets d’étude mais qui n’est pas extrait des œuvres du programme officiel.

-Une dissertation sur une question littéraire portant sur l’une des œuvres du programme et son parcours associé.

Tableau de Fernand Léger


L’oral

Préparation = 30 minutes, oral = 20 minutes, coefficient 5

Comme par le passé, l’élève se rend à l’oral avec le Descriptif des activités fourni par le professeur. Comme je l’ai indiqué plus haut, ce descriptif comporte un minimum de 24 textes et illustrations.

L’oral comprend deux parties ; il comporte plusieurs changements par rapport à l’ancien Bac ; on note l’abandon de la lecture analytique, le retour à la lecture linéaire et l’apparition d’une question de grammaire.

Première partie de 12 minutes, 12 points
L’examinateur choisit dans le descriptif un texte d’une vingtaine de lignes que l’élève est chargé d’analyser.
-L’élève procède à la lecture à haute voix du passage choisi par l’examinateur = 2 points.
-Puis il effectue l’explication linéaire du passage = 8 points.
-Enfin, il répond à une question de grammaire sur le texte que lui aura donnée l’examinateur = 2 points

Deuxième partie de 8 minutes, 8 points
Il s’agit d’un entretien, d’un dialogue avec l’examinateur.
-Tout d’abord, l’élève choisit une des œuvres étudiées en classe et la présente à l’examinateur en justifiant son choix.
-Puis, l’examinateur lui pose des questions et dialogue avec lui pour évaluer sa maîtrise de l’expression orale et sa connaissance de l’œuvre.

Tableau de Greuze


Le nouveau Bac de français sera-t-il plus difficile ?  

Pas vraiment, car les objets d’étude sont « classiques », le nombre des textes étudiés sera à peu près le même et il n’y a plus que deux épreuves au choix à l’écrit au lieu de trois. Mais il faut préciser que le programme impose des œuvres d’un haut niveau de lecture (impossibilité désormais pour le professeur de moduler la difficulté en glissant dans son programme un ou deux livres de lecture plus facile)…

La nouvelle difficulté s’incarne dans la question de grammaire sur 2 points, de nombreux élèves vont devoir réviser sérieusement les notions qu’ils avaient négligées au collège ou en Seconde !

Et il ne faudra pas tomber dans la paraphrase en effectuant la lecture linéaire. Dans un prochain article, je vous livrerai les secrets de cette dernière…

Bon courage !

Suivez mon blog : dans les jours suivants, je publierai des mises au point sur chacune des épreuves…

Tableau de Cézanne



jeudi 20 juin 2019

Nouvelle édition de Secrets d'Istanbul, de Gisèle Durero-Köseoglu



Nouvelle édition 2019 de Secrets d'Istanbul (La Trilogie d'Istanbul III), Editions GiTa Yayinlari d'Istanbul 





La Trilogie d’Istanbul (Editions GiTa Yayinlari, Istanbul), est une somme romanesque se déroulant à Istanbul entre 1985 et 2009. Elle est composée de : Fenêtres d’Istanbul (2003, réédition 2006), Grimoire d’Istanbul (2006) et Secrets d’Istanbul (2009, réédition 2019). Une épopée sur la cité millénaire... 


Secrets d'Istanbul

Alice trouve un jour dans un sac de voyage un mystérieux carnet qui va bouleverser son existence. Cette découverte marque le début d’une enquête palpitante où secrets de famille et tabous voleront en éclats…

Secrets d’Istanbul met en scène des héros explorant les labyrinthes du passé pour débusquer les mensonges liés à leur identité. La quête de leurs origines va les conduire à des trouvailles stupéfiantes sur les traces de personnages historiques célèbres pour avoir échafaudé des « châteaux en Turquie » : un soi-disant messie, un illustre poète français, un bâtisseur de phares, un peintre de la cour ottomane…

Secrets d’Istanbul, une fiction sur l’Istanbul du début du XXIe siècle, avec sa mosaïque de cultures, son étonnante diversité religieuse et ses énigmes ensevelies. Un roman réaliste et épique à la fois, dans l’envoûtante mégapole turque.


Deux classiques sur les derniers harems ottomans : Le Jardin fermé et Haremlik, édition Aksel Köseoglu, Editions GiTa d’Istanbul


La collection « Istanbul de Jadis » des Editions franco-turques GiTa Yayinlari d’Istanbul, dirigée par Aksel Köseoglu, a pour vocation de rééditer en français d’anciennes œuvres de la littérature francophone portant sur la ville d’Istanbul et de les traduire en turc. Son but ? Ressusciter de beaux livres un peu tombés dans l’oubli pour les faire connaître aux amoureux de la ville d’Istanbul.

En rééditant dans notre collection « Istanbul de Jadis » ces livres injustement tombés dans l’oubli et en les publiant aussi en turc, nous sommes fiers d’apporter notre contribution non seulement à l’histoire des femmes turques mais aussi à la littérature française ou francophone… (Aksel Köseoglu)


Le Jardin fermé, de Marc Hélys, paru en 1908, réédition 2011 et 2019





Ecrivaine, journaliste, voyageuse intrépide, Marie Léra publie en 1908 sous le pseudonyme de Marc Hélys, Le Jardin fermé, recueil de nouvelles sur les harems d’Istanbul. Un livre passionnant, fourmillant d’anecdotes drôles ou poignantes, qui remet en question, avec humour ou compassion, nombre de préjugés sur le harem et la condition des femmes turques dans les dernières années de l’Empire ottoman.

En effet, contrairement à beaucoup de voyageurs qui parlent des harems sans jamais y avoir pénétré, Marc Hélys, lors de ses trois séjours à Istanbul en 1901, 1904 et 1905, partage le quotidien de deux jeunes femmes, Nouryé et Zennour et s’introduit par leur entremise dans toutes les demeures de leur entourage. Elle observe, s’extasie ou s’indigne selon les jours, converse avec les femmes ottomanes et met sa plume au service des débats idéologiques qui les animent.

Marc Hélys, qui s’était déjà fait l’écho des revendications féminines en fournissant à Pierre Loti le matériau de son roman Les Désenchantées (1906) nous livre, avec Le Jardin fermé, un témoignage exceptionnel sur les « Scènes de la vie féminine en Turquie ».


Haremlik, quelques pages de la vie des femmes turques, de Demetra Vaka-Brown, paru en 1909, réédition GiTa juin 2019



En 1901, après six ans aux Etats-Unis, la journaliste et écrivaine Demetra Vaka-Brown regagne Istanbul, sa ville natale, encore nommée « Constantinople », avec l’intention d’étudier la condition des femmes ottomanes dans les harems et de vérifier si les préjugés des Américains les décrivant comme  « de malheureuses créatures vivant en esclavage pour les vils désirs des hommes », ont un fondement. Elle va donc se rendre dans plusieurs demeures pour rencontrer des femmes menant encore un mode de vie traditionnel.
Témoignage authentique d’une narratrice partagée entre sa fascination de l’Orient et son attirance pour le modernisme, le récit autobiographique Haremlik, quelques pages de la vie des femmes turques, offre un précieux document sur les interrogations multiples suscitées par une nouvelle définition de la condition des femmes au début du XXe siècle…





mercredi 20 mars 2019

Conférence de l'écrivain Mario Levi à l'Association culturelle France-Turquie


L’Association culturelle France-Turquie avait invité ce soir Mario Levi à parler de son travail d’écrivain. Ce fut l’occasion d’une très intéressante rencontre avec cet écrivain dont les livres sont désormais traduits en 34 langues.



L’importance de la langue française dans sa vie

Né en 1957 à Istanbul, Mario Levi explique que s’il appartenait à une famille modeste, la francophonie occupait cependant une place importante dans son entourage, en particulier chez ses grands-parents paternels, francophones et francophiles ; sa grand-mère lui apprend le français parlé lorsqu’il est enfant, et il complète son éducation au Lycée français Saint-Michel. Notons que sa grand-mère maternelle lui récitait des poèmes de Lamartine ou d’Hugo.



Sa vocation d’écrivain

Mario Levi est persuadé qu’il existe un lien entre sa destinée et le fait d’être devenu écrivain. En effet, son rêve était de devenir médecin ; mais les examens d’entrée à l’université de médecine étant essentiellement basés sur les mathématiques, il échoue et entre en philologie française ; c’est alors l’occasion pour lui, grâce à l’aide de professeurs dont il admire le savoir, d’approfondir sa connaissance de la littérature française, dont, selon ses propres mots, « il tombe amoureux ».



Ses sources d’inspiration

Il s’est alors posé la question des sujets sur lesquels il devait écrire ; et constatant que de nombreux essayistes écrivaient sur les minoritaires de Turquie, il se rend compte qu’il dispose d’un « savoir vécu » sur ce sujet et qu’il pourra apporter « une autre voix » à la littérature turque. Nedim Gürsel a d’ailleurs dit de lui qu’il était le premier écrivain à revendiquer son identité juive dans la littérature turque.
En outre, Mario Levi précise que les personnages qui l’intéressent sont ceux qui ont des difficultés d’adaptation dans la société ; il est devenu sans l’avoir voulu le porte-parole d’une certaine marginalité.

Au sujet des prix littéraires

Mario Levi a reçu des prix littéraires mais cela lui semble peu important ; pour lui, pouvoir terminer un livre est un prix en soi. Et il ajoute que toucher le cœur d’un lecteur inconnu qui le remercie pour ce qu’il a écrit équivaut à recevoir un prix. 



Et maintenant ?

L’année 2017 a constitué un tournant dans sa carrière car il voulait écrire quelque chose de différent sur sa ville fétiche. Il a donc décidé d’entreprendre une série de 7 livres, une sorte d’Heptaméron sur 7 quartiers d’Istanbul, dont chaque roman se passe en une seule journée : le premier tome, consacré au quartier de Kadikoy, vient de paraître en Turquie.



Sa conclusion : il a encore besoin de trente années pour mener à bien ses projets d’écriture !




lundi 11 mars 2019

Halide Edip Adivar, romancière, féministe et héroïne de la Guerre d’indépendance turque


Une intellectuelle d’avant-garde

Halide Edip Adivar (1884.1964) est une célèbre romancière turque, auteur d’une vingtaine de livres et connue pour les idées féministes dont ses œuvres sont l’illustration. Eduquée au Collège américain d’Uskudar, à Istanbul, férue de littérature turque et étrangère, elle est l’une des premières femmes turques à avoir obtenu le Baccalauréat. 


Elle traduit d’ailleurs en 1897 le roman de Jacob Abbott, La Mère, ce qui lui vaut d’être décorée par le sultan Abdülhamid. Elle épouse ensuite son ancien professeur de mathématiques, Salih Zeki Bey, dont elle aura deux fils.


Très vite connue pour ses articles dans journaux et revues, en particulier dans la revue Tanin de Tevfik Fikret, elle suscite souvent le scandale par le modernisme de ses idées, et elle publie en 1910 son premier roman, Seviye Talip, racontant l’histoire d’une femme ayant le courage de quitter son époux. Elle est la première femme inscrite dans les « Foyers turcs » nationalistes et fonde une organisation féministe.

Aux côtés de Mustafa Kemal

Pendant la première Guerre mondiale, inspectrice dans les écoles de jeunes filles, elle est ensuite chargée d’ouvrir des écoles en Syrie pour les jeunes Arméniennes orphelines ( Son rôle à cette époque est assez controversé, mes compétences sur le sujet sont trop limitées pour émettre une opinion…) Après son retour à Istanbul, professeur de littérature, remariée en 1917 avec Adnan Adivar, un professeur en médecine, Halide va se lancer dans la politique lors de l’occupation de Constantinople par les Français, Anglais et Italiens et jouer un grand rôle dans la guerre d’Indépendance turque.



Elle attire l’attention sur elle en étant une des premières femmes à prendre la parole dans des  meetings exhortant les Turcs à reconquérir leur souveraineté, ce qui lui vaudra, avec Mustafa Kemal, d’être condamnée à mort par contumace par la justice du sultan. 



Obligée de s’enfuir avec son époux, elle rejoint l’armée clandestine de Mustafa Kemal en Anatolie et y occupe un poste avec le grade de « sergent ».
La période de la Guerre d’Indépendance lui inspirera d’ailleurs deux grands romans, La chemise de feu, en 1922 et Douleur au cœur en 1924.



Les dissensions avec Atatürk

Mais après la fondation de la république turque, Halide Edip se brouille avec Mustafa Kemal, qu’elle accuse d’autoritarisme après qu’il ait fait fermer le « Parti républicain », fondé par Adnan Adivar. Elle choisit alors de s’exiler avec son époux en Angleterre, puis en France, où elle passera dix ans.
De retour en Turquie en 1939, elle occupe la chaire de littérature anglaise de l’Université d’Istanbul et  passera  le reste de sa vie à écrire des romans ou publier dans les journaux, donnant aussi des conférences en Indes et aux Etats-Unis ; elle sera également députée à l’Assemblée nationale durant quatre ans.



Ses romans les plus célèbres sont : Rue de l’épicerie aux mouches, publié en 1935 aux Etats-Unis et l’année suivante en turc sous le titre de Sinekli Bakkal, dans lequel elle raconte l’histoire de Rabia, la fille d’un forain animateur de spectacles populaires,  qui s’oppose au traditionalisme de son grand-père ; et La maison aux glycines, où elle évoque son enfance. La condition des femmes et le contexte historique occupent une grande place dans les romans d’Halide Edip Adivar. 



Cette femme hors du commun peut être considérée comme l’écrivaine turque la plus célèbre de la première moitié du XXe siècle.