samedi 22 mai 2021

Le Tambour du Ramadan dans Fenêtres d'Istanbul, vidéo, avril 2021

 


Istanbul, ville d'inspiration et de littérature... mai 2021


 

Victor Hugo, mort le 22 mai, le jour de la fête de sa muse…

 

Le célèbre poète français Victor Hugo était déjà très célèbre pour ses poèmes et ses pièces de théâtre quand, à la trentaine, en 1833, il fait connaissance une actrice, Juliette Drouet, qui joue dans sa pièce Lucrèce Borgia.

De cette première rencontre, marquée par un coup de foudre réciproque, va naître une liaison amoureuse qui durera 50 ans ! C’est pour elle que Victor Hugo, composera, sa vie durant, ses plus poignants poèmes d’amour. 

 « Mon âme à ton cœur s’est donnée, lui écrit-il.

-  Je fais tout ce que je peux pour que mon amour ne te dérange pas.

Je te regarde à la dérobée.  Je te souris quand tu ne me vois pas, » lui répond-elle.

 

Chaque année durant cinquante ans, Victor Hugo envoie le 22 mai, jour de la Sainte-Julie, une lettre d’amour à Juliette pour sa fête :

 

 « Cher doux ange, ma première pensée est pour toi. Je t’écris de mon lit en m’éveillant. Je commence ma journée comme je finirai ma vie, en t’envoyant mon âme. J’entends le tambour, tout le quartier est en rumeur, il fait le plus beau sommeil du monde, Paris se donne une fête, mais la vraie fête est dans mon cœur quand je songe à toi… » (Lettre du 22 mai 1848)

 


 Dès leur rencontre, Juliette va passer toute son existence dans l’ombre de Victor  Hugo. En effet, ce dernier, marié, continuera toujours à vivre avec son épouse et ses cinq enfants. Aussi Juliette habitera-elle tout le temps, au fil de nombreux déménagements, dans une rue proche de celle de son amant. Par amour pour lui, à sa demande, elle renonce au théâtre ! Elle accepte de ne plus porter de tenues trop voyantes et de ne plus sortir de chez elle, sauf en sa compagnie ! A quoi occupe-t-elle ses journées lorsqu’elle ne voit pas Victor ? Elle recopie les manuscrits du grand écrivain ! Elle sera toujours sa première lectrice et sa conseillère littéraire. Et elle lui écrit des lettres d’amour. Plusieurs par jour. Elle lui en adressera plus de 20000 !



Juliette Drouet endure tout. En particulier les multiples infidélités de son amant. Car les femmes, qui tombent amoureuses de Hugo rien qu’en lisant ses poèmes, ne cessent d’occuper la vie du poète. Il a même fait aménager au domicile conjugal une porte secrète pour y recevoir ses maîtresses. Plusieurs fois, Juliette le quittera. Mais Victor ira à chaque fois la rechercher en lui répétant une promesse solennelle : « Nos deux vies se sont soudées à jamais. » 

En 1851, lorsque Napoléon III prend le pouvoir, la vie de Victor Hugo, républicain et farouche opposant politique de l’empereur, est en danger. Toutes les forces de la police impériale sont à sa poursuite. Juliette le cache, lui procure un faux passeport et lui permet de passer la frontière. C’est elle aussi qui sauve la fameuse « malle aux manuscrits » contenant toutes les œuvres de Hugo. Et ce dernier prend, avec sa famille, la route d’un exil qui durera dix-neuf ans, sur l’île anglo-normande de Guernesey. Bien sûr, Juliette le suit dans ce petit morceau de terre perdu dans l’Atlantique et s’installe de nouveau dans une rue à côté de la sienne ! Elle ne le quittera Guernesey que lorsque, après la chute du Second Empire, son célèbre amant rentrera enfin en France.



Toute leur vie, Victor Hugo et Juliette ont tenu un cahier rouge appelé « Le livre de l’anniversaire » où ils ont chaque année écrit un texte célébrant l’anniversaire de « la nuit bénie », c'est-à-dire leur première nuit d’amour, le 16 février 1833. Ce jour-là, Victor Hugo avait noté :

 « Le 26 février 1802,  je suis né à la vie, le 16 février 1833, je suis né au bonheur dans tes bras. La première date, ce n'est que la vie, la seconde c'est l'amour. Aimer, c'est plus que vivre... »

 Et le 16 février 1883, il écrit : « Cinquante ans d’amour, c’est le plus beau des mariages. ».

 


Juliette mourra cette année-là, deux ans avant Victor.

Sur sa tombe, il fera graver l’épitaphe suivante :

 

« Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée,

Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,

Dis-toi, si dans ton cœur ma mémoire est fixée :

Le monde a sa pensée, moi, j’avais son amour ! »

 

Quant à Victor, c’est bien un 22 mai, jour emblématique où, chaque année, il abreuvait Juliette de lettres d’amour, qu’il s’éteint en 1885..