Article de Gisèle Durero-Koseoglu
Ecrivaine fantôme
Ecrivaine fantôme
Sidonie Gabrielle Colette, dite « Colette » (1873-1954), est née
à Saint-Sauveur-en-Puisaye, qu’elle évoquera dans Sido et dans La Maison de
Claudine.
A vingt ans, elle épouse un coureur de jupons, Henry
Gauthier-Villars, propriétaire de la maison d’édition Gauthier-Villars, qui se pique de publier des romans populaires
mais écrits par d’autres. Elle lui sert en effet de « nègre
littéraire » et écrit pour lui la série des « Claudine », qu’il signe « Willy » : Claudine
à l'école, 1900, qui obtient un immense succès, puis Claudine à Paris, 1901, Claudine
en ménage, 1902, Claudine s’en va,
1903. Mais, en 1905, apparaît avec Dialogues
de bêtes, le pseudonyme « Colette Willy », que l’écrivaine utilisera
jusqu'en 1913.
Actrice de pantomime et Sappho
Les infidélités de son époux la poussent à divorcer en 1906 et elle entame
alors une carrière dans le music-hall.
Car de 1906 à 1913, Colette sera artiste de pantomime. Après un début de carrière
au théâtre des Mathurins, en 1907, elle se produit au Moulin Rouge avec sa
partenaire, Mathilde de Morny, dite « Missy », dans Rêve d’Egypte, qui raconte l’histoire
d’un archéologue tombant amoureux d’une momie.
Les deux femmes font scandale en
s’embrassant sur la bouche ! Le public se déchaîne, tant et si bien que le
spectacle est interdit par le préfet de Paris au bout de trois représentations.
En 1907, un autre spectacle, La
Chair, défraye la chronique car Colette y apparaît presque nue.
Photo Reutlinger
Elle ne
néglige pas pour autant l’écriture puisque c’est à cette époque qu’elle publie La Retraite sentimentale (1907), Les
Vrilles de la vigne (1908) et L’Ingénue
libertine (1909).
En 1910, elle obtient même trois
voix au prix Goncourt avec La Vagabonde.
Journaliste et Phèdre !
Après la mort de sa mère, Sido,
elle épouse en 1912 le politicien Henri de Jouvenel et donne naissance à une
fille, Colette-Renée de Jouvenel, dite « Bel-Gazou ». Elle abandonne
les planches après le spectacle de L’Oiseau
de nuit et se consacre au journalisme avec sa chronique du « Journal
de Colette », dans Le Matin. En 1919,
elle publie Mitsou ou Comment l'esprit
vient aux filles.
Mais en 1921, la liaison de
l’écrivaine, âgée de 48 ans, avec le fils d’Henri, Bertrand de Jouvenel, qui
n’a que de 17 ans, sonne le glas d’un mariage déjà bien mis à mal par les
liaisons amoureuses extraconjugales d’Henry.
Les œuvres se succèdent : le
roman Chéri, en 1921, qui amorce le
thème de l’amour entre une femme mûre et un jeune homme, La
maison de Claudine, en 1922, puis, en 1923, le roman Le Blé en herbe, premier livre signé « Colette » et qui
s’inspire de sa liaison avec Bertrand de Jouvenel.
L’an d’après, elle joue en
personne dans Chéri, à Monaco, et divorce
en 1923.
En 1925, Maurice Ravel met en
musique des textes que Colette avait écrits pour « Bel-Gazou », L'Enfant et les sortilèges, qui charme
le public de Monte-Carlo.
Amoureuse de la Côte d’Azur, Colette
achète en 1926, à Saint-Tropez, la maison « La Treille Muscate », qu’elle
vendra douze ans plus tard, se plaignant de la multiplication des touristes. En
1928, elle se met en scène dans son autofiction, La Naissance du jour, tout en précisant qu’il ne faut pas confondre
sa vie avec ses livres. En 1930, elle publie Sido et s’installe à l’hôtel Claridge en compagnie de Maurice
Goudeket, journaliste de seize ans son cadet et qui sera son troisième mari.
Photo de Gisèle Freund en 1954
La gloire littéraire
Elue en 1945, elle est la deuxième
femme à rentrer à l’Académie Goncourt, dont elle devient ensuite présidente en 1949.
Pour assurer sa publicité, elle multiplie alors les photographies.
Entre 1948 et 1950, sa carrière
littéraire est couronnée par la publication de ses Œuvres complètes en quinze
volumes et par sa nomination au titre de Grand Officier de la Légion d’honneur.
En 1952, elle participe à un court métrage intitulé Colette, réalisé par Yannick
Bellon. La dernière partie de sa vie est assombrie par l’arthrite, qui la
condamne progressivement à l’immobilité. Mais pour ses 80 ans, Le Figaro lui
consacre un numéro entier.
Colette s’éteint le 3 août 1954.
Bien que l’Eglise lui ait refusé des obsèques religieuses pour avoir divorcé
deux fois, elle est la première femme à avoir des funérailles nationales.
Le Musée Colette, dans le Château
de Saint-Sauveur-en-Puisaye
Passionnée par la nature, les plantes et les animaux, Colette
raconte dans La Naissance du jour
comment sa mère déclina l’invitation de son gendre pour ne pas risquer d’être
absente le jour où son cactus rose allait fleurir.
« Je
n’accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant.
Voici
pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir ! C’est une plante très
rare, que l’on m’a donnée, et qui, m’a-t-on dit, ne fleurit sous nos climats
que tous les quatre ans…»
Sources :
Site des Amis
de Colette : http://www.amisdecolette.fr/colette-vue-par-colette-fellous/
Article de l’Express
du 03.08.2011, par Jean Montenot, Colette,
écrivaine et femme libre, est morte un 3 août : http://www.lexpress.fr
Site Orion en
aéroplane, Colette (presque) toute nue, 16.10.2013 :