Résumé
facile du Journal des Faux Monnayeurs
PREMIER
CAHIER DU 17 JUIN 1919 AU 7 DECEMBRE 1921
Dans le premier cahier,
il réfléchit en général sur l’intrigue, son moment, les personnages en général.
Il pense à réutiliser des faits divers de sa propre vie ; il conçoit
d’utiliser des passages de son journal sous la plume d’Edouard.
DEUXIEME
CAHIER D’AOÛT 1921 AU 8 JUIN 1925
Dans le deuxième cahier, il
réfléchit sur la conception du roman, ce qu’il appelle le « pur
roman », insiste sur le personnage d’Edouard, juge les autres personnages
qu’il a imaginés, comme Bernard, Olivier, Robert, Vincent, La Pérouse, Mélanie
Vedel, Lilian, Azaïs, Boris...
Les fausses pistes
Premier
cahier
-Au début, il envisage de faire
de Lafcadio, le héros des Caves du
Vatican, le narrateur de son livre. Il souhaite que ce personnage soit le
« pervertisseur ».
-Il envisage de raconter
l’histoire de deux sœurs (p.14) l’ainée qui épouse un être médiocre mais fait
des efforts pour cacher cette médiocrité à sa famille et joue le rôle du
« ménage modèle ». Puis, il se dit qu’il ne faut pas mettre deux
sœurs, car il n’aime pas les « pendants »
Le 30 juillet 1919, il imagine un
vagabond que Lafcadio rencontrerait sur la route et qui servirait de trait
d’union entre lui et Edouard.
Le 16 juin 1921, il reparle de
« Z », avec l’histoire de deux sœurs dont le mari de l’une a eu un
enfant avec une autre femme ; puis, il imagine un homme qui a épousé une
des deux sœurs mais a un enfant avec la cadette ; finalement, il abandonne
cette trame.
Deuxième
cahier
Le 1 novembre 1924 : « La
vie nous présente de toutes parts quantité d’amorces de drames mais il est rare
que ceux-ci se poursuivent et se dessinent comme a coutume de les filer un
romancier ».
Les cahiers dans lesquels il écrit
Le 17 juin 1919, il parle d’un
« cahier gris. »
L’utilisation des faits de son
quotidien
Premier
cahier
Le 16 juillet 1919, il a ressorti
les coupures de journaux sur les faux-monnayeurs et pense mêler ce sujet avec
une intrigue sur le suicide de lycéens.
Le 3 mai 1921, Il surprend un
adolescent en train de voler un livre, un guide d’Algérie, et parle avec
lui ; il pense utiliser cette anecdote dans son roman mais en la faisant raconter
l’adolescent lui-même.
Deuxième
cahier
Il a rencontré dans un train,
alors qu’il était avec Marc Allégret, une jeune fille handicapée ; à
l’arrivée à Nice, les deux femmes qui l’accompagnent tentent de la déplacer
mais la jeune fille se met à gémir ; la tante explique que la jeune fille
a dix-sept ans, qu’elle est malade depuis 18 mois et qu’il s’agit d’une
« paralysie nerveuse, suite à une grande peur ». Il songe à faire
utiliser cet épisode par Edouard.
Dans un wagon de train vers
Annecy, un ouvrier qui n’arrive pas à allumer sa pipe lui dit qu’au prix des
allumettes, « il vaut mieux qu’elles ne s’allument pas ».
Le 8 février 1924, de nouveau en
train, il se plaint de ses voisins qui font du bruit et l’empêchent de
lire et il rapporte leur dialogue insignifiant ; par contre, il
remarque que la dame ne finit pas ses phrases et qu’il pourrait donner cette
caractéristique à Mélanie Vedel.
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Gide à Jersey par Theo Van Rysselbherge |
L’élaboration progressive du roman :
intrigue, thèmes, personnages
Premier
cahier
Il se rend compte qu’il ne peut
pas tout faire entrer dans son livre : 17 juin 1919 : « Aussi bien est-ce une folie sans doute de
grouper dans un seul roman tout ce que me présente et m'enseigne la vie. Si touffu que je souhaite ce livre, je ne
puis songer à tout y faire entrer. »
« Ne jamais exposer d’idées qu’en
fonction des tempéraments et des caractères » dit-il le 17 juin 1919.
« Les personnages demeurent
inexistants aussi longtemps qu'ils ne sont pas baptisés »
« Il n’est sans doute pas
adroit de situer l’action de ce livre avant la guerre et d’y faire entrer des
préoccupations historiques… l’avenir m’intéresse plus que le passé »
Le 6 juillet 1919, il envisage de
commencer son livre sur une scène se passant dans un café puis pense utiliser
le lieu du jardin du Luxembourg où se passerait le trafic de pièces d’or. Il utilise la première fois le prénom
« Edouard » pour un personnage de l’entourage de Lafcadio.
Le 11 juillet, il déclare :
« je voudrais éviter ce qu’a d’artificiel une intrigue ».
Le 25 juillet 1919, il imagine un
personnage appelé « Z » qui serait en révolte contre son
éducation religieuse trop rigoriste et travaillerait « à débaucher et
pervertir les enfants du pasteur » ; il imagine aussi qu’un des fils
du pasteur sera entrainé à jouer par le débaucheur (il perdrait au jeu l’argent
mis de côté pour l’accouchement de son amie).
Le 26 juillet 1919, il se demande
s’il peut concevoir toute l’action en fonction de Lafcadio et le 28, il a
décidé, il ne fera pas tout passer à travers Lafcadio. Il imagine ses
personnages comme de petites bobines auxquelles il enroulerait le fil de ses
idées.
Le 13 janvier 1921, il a l’idée que son carnet devienne
« le carnet d’Edouard »
Le 22 avril 1921 à paris, il a
une sorte « d’illumination » pour le début des FM et imagine la
rencontre entre Edouard et Lafcadio sur le quai de la gare (c’est l’ébauche des
retrouvailles entre Edouard et Olivier)
Le 3 mai 1921, il imagine un
« sentiment » entre Edouard et Lafcadio.
Le 9 juillet 1921, il imagine le
sujet du bachot, les méditations d’Edouard, la révolte des enfants contre les
parents.
Deuxième
cahier
Il parle d’un personnage nommé
Lucien qui est le symbole de l’hypocrite et il définit l’hypocrisie.
En août 1921, il explique que ses
personnages « vivent en lui » mais qu’il n’aime pas leur imaginer des
détails réalistes et leur inventer une famille ; « je vois
chacun de mes héros… orphelin, fils unique, célibataire et sans
enfant ». C’est pour cela qu’il
pense garder Lafcadio.
Le 20 août 1922, il utilise le
prénom de Bernard.
Le
1 novembre 1922, il pense à mettre « dans la bouche d’Edouard »
toutes ses réflexions sur le « pur roman » mais il pense qu’Edouard ne
parviendra jamais à l’écrire. « C’est un amateur, un raté. Personnage
d’autant plus difficile à établir que je lui prête beaucoup de moi ».
Il parle aussi ce jour-là d’Olivier,
qui fréquente Robert, qui parle de
façon péremptoire de choses qu’il ne connait pas (on remarque donc qu’il a
donné un prénom à ses personnages).
Le 23 février 1923, il émet des
jugements sur Bernard chez lequel « chaque amour, chaque adoration, entraîne
un dévouement, une dévotion », puis sur Olivier, qui « commet des
actions profondément contraires à sa nature et à ses goûts », ce qui
entraîne une « abominable dégoût de lui-même ». Il conclut en disant
que « Vincent et Olivier ont de très bons et nobles instincts et
s’élancent dans la vie avec une vision très haute de ce qu’ils doivent faire ;
- mais ils sont de caractère faible et se laissent entamer ». Il ajoute
que Vincent « se laisse lentement pénétrer par l’esprit diabolique… il
sent vraiment qu’avec Satan il a partie liée. Il sent qu’il appartient d’autant
plus à Satan qu’il ne parvient pas à croire à l’existence réelle du Malin… mais
toujours revient en son esprit ce thème : ̏ Pourquoi me
craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas. Il finit par croire à
l’existence de Satan comme à la sienne,
c’est-à-dire qu’il finit par croire qu’il est Satan » … Il comprend par
quels arguments le Diable l’a dupé lorsqu’il s’est trouvé pour la première fois
près de Laura, dans ce sanatorium dont ni l’un ni l’autre ne croyait pouvoir
sortir », en lui faisant croire que ce qu’ils allaient faire ne porterait
pas à conséquence.
Le 3 novembre 1923, il a lu des
pages de son roman à Martin du Gard et il pense que les meilleures parties de
son roman sont « celles d’invention pure » Il pense qu’il a raté le
personnage de La Pérouse car il l’a « trop rapproché de la réalité ».
Le 15 novembre 1923, il écrit
qu’il est plus facile de faire parler un personnage lointain de lui :
« ce n’est pas ce qui me ressemble mais ce qui diffère de moi qui
m’attire ».
Le 6 janvier 1924, il compare son
livre à une « plante qui se développe et le cerveau n’est plus que le vase
plein de terreau qui l’alimente et la contient ».
Le 31 Mars 1924, il pense que
lady Griffith « doit rester comme hors du livre… elle n’a pas d’existence
morale ni même à vrai dire de personnalité ; c’est là ce qui va gêner Vincent
bientôt ; ces deux amants sont faits pour se haïr ».
Le 27 mai 1924, il émet des
jugements sur le « frère ainé de Bernard », l’avocat Charles, dont on
sait peu de choses sauf qu’il ressemble à son père avec lequel pourtant il
communique peu, exerce sa profession au rez-de-chaussée de la maison et
prononce une phrase assez cruelle lorsque son père lui apprend que Bernard a
quitté la maison : « Dieu chasse l’intrus… » Selon Gide, « écouter
autrui risquerait de l’affaiblir »
Le 27 mai 1924, Gide écrit au
sujet des personnages : « Le mauvais romancier construit ses
personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les
écoute et les regarde agir… j’ai écrit le premier dialogue entre Olivier et
Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent sans du tout savoir ce que je
ferais de ces personnages ni qui ils étaient »
Le 6 juillet 1924, il pense que
« Profitendieu est à redessiner complètement : « il est beaucoup
plus intéressant que je ne le savais ».
Le 27 juillet 1924, il explicite
le personnage de Boris : « le pauvre enfant comprend qu’il n’y a pas
une seule de ses qualités, pas une de ses vertus, qui ne puisse être tournée en
défaut par ses camarades »
Le 10 août 1924, il évoque la
Confrérie des Hommes forts sans la nommer en précisant que leur « absurde
devise » était « pas d’effort inutile ». Aucun d’eux ne
comprenait le sens de l’effort …
Le 20 novembre 1924, il envisage
une idée à exploiter dans un futur roman : « comment ceux d’une
nouvelle génération, après avoir critiqué, blâmé les gestes et attitudes
(conjugales par ex.) de ceux qui les ont précédés, se trouvent amenés peu à peu
à refaire à peu près les mêmes ».
Il poursuit cette réflexion le 3
janvier 1925, avec le personnage de Bernard, dans ses relations avec son père.
Fin janvier, il réfléchit sur la
notion d’équipe et arrive à la conclusion que pour former une équipe modèle, il
faut « chercher à faire triompher l’équipe mais ne pas chercher à se
distinguer ».
Le 8 mars 1925, Martin du Gard
lui conseille d’allonger son roman pour « profiter plus des personnages
qu’il a créés »
En mai 1925, à quelques jours de
la fin de son livre, il décide de diviser son livre en 3 parties, pour
augmenter l’importance de la troisième. Il précise aussi qu’il aime bien les
fins précipitées : « j’aime à donner à mes livres l’aspect d’un sonnet
qui commence en quatrains et finit en tercets. Il me parait inutile d’expliquer
tout au long ce que le lecteur attentif a déjà compris ; c’est lui faire
injure. »
La conception du roman
Le 5 août 1919, il souhaite que
son roman soit unique et « qu’il ne soit assimilable à rien
d’autre ».
Le 21 novembre 1920, il se repose
le problème du sujet et déclare : « Tout ce que je vois, tout ce
que j’apprends, tout ce qui m’advient depuis quelques mois, je voudrais le
faire entrer dans ce roman et m’en servir pour l’enrichissement de sa
touffe » Il ajoute qu’il ne veut pas que les événements soient racontés
par l’auteur mais par ceux des acteurs qui y ont participé (il conçoit donc la
multiplicité des narrateurs). Par exemple, il souhaite que « toute
l’histoire des faux-monnayeurs … soit découverte petit à petit ; à travers
les conversations ».
Le 2 janvier 1921 il déclare que
pour bien écrire, il doit se persuader que ce livre « est le seul et
dernier roman » qu’il écrira et que donc, il peut « tout verser
sans réserve ».
Deuxième
cahier
En août 1921, il réfléchit sur le
réalisme ; il regrette que le roman se soit toujours « cramponné à la
réalité »
Le 11 octobre 1922, il pense que
son roman se développe à l’envers ; il ne travaille pas
chronologiquement : « Les chapitres, ainsi, s’ajoutent, non point les
uns après les autres, mais repoussant toujours plus loin celui que je pensais
d’abord devoir être le premier ».
Le 28 octobre 1922, il expose sa
théorie des personnages : « ne pas amener trop au premier plan ou du
moins pas trop vite, les personnages les plus importants, mais les reculer, au
contraire, les faire attendre, ne pas les décrire mais faire en sorte de forcer
le lecteur à les imaginer comme il sied… Dans cette première scène du
Luxembourg, je fais parler les indifférents… »
Le 1 novembre 1922, il formule sa
théorie du « pur roman » : « purger le roman de tous les
éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman. On n’obtient rien de
bien par le mélange. J’ai toujours eu horreur de ce que l’on a appelé la
synthèse des arts, qui devait, suivant Wagner, se réaliser sur le théâtre. Et
cela m’a donné l’horreur du théâtre et de Wagner » … Il pense que personne
n’a pu approcher du « pur roman » à part Stendhal qui s’en rapproche…
Il critique le réalisme balzacien car il pense que Balzac mêle au roman des
éléments qui n’ont rien à y faire : « Balzac, s’il est peut-être le
plus grand de nos romanciers, est surement celui qui mêla au roman et y annexa
et y amalgama, le plus d’éléments hétérogènes et proprement inassimilables par
le roman ».
Le 27 mars 1924, il pense, en ce
qui concerne « le style » de son roman, que tout doit être dit de la
manière la plus plate » ; le lendemain ; il précise que dès le
début, il n’a pas cherché à peindre l’état intérieur du personnage mais plutôt
à trouver la phrase exacte qui le traduirait.
Le 10 avril 1924, il dit que
chaque chapitre d’un roman doit apporter du nouveau : « un
surgissement perpétuel ; chaque nouveau chapitre doit poser un nouveau
problème, être une ouverture, une direction, une impulsion, une jetée en
avant »
Le 27 mai 1924, Gide écrit au
sujet des personnages : « Le mauvais romancier construit ses
personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les
écoute et les regarde agir… j’ai écrit le premier dialogue entre Olivier et
Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent sans du tout savoir ce que je
ferais de ces personnages ni qui ils étaient »
Le 8 mars 1925, il expose son
idée sur la fin du roman : « Celui-ci s’achèvera brusquement, non
point par épuisement du sujet, qui doit donner l’impression de l’inépuisable mais
au contraire par son élargissement et par une sorte d’évasion du contour. Il ne
doit pas se boucler mais s’éparpiller, se défaire. »
Le 29 mars 1925, il parle de son
lecteur : « tant pis pour le lecteur paresseux : j’en veux d’autres.
Inquiéter, tel est mon rôle ». Et il ajoute en mai qu’il aime les fins
précipitées car il lui semble inutile d’expliquer tout au long ce que le
lecteur attentif a déjà compris ; c’est lui faire injure. »
Il termine sa réflexion générale
sur le roman le 9 juin 1925, par une citation de Thibaudet que lui a donnée
Martin du Gard : « Le romancier authentique crée ses personnages avec
les directions infinies de sa vie possible ; le romancier factice les crée
avec la ligne unique de sa vie réelle. Le génie du roman fait vivre le possible,
il ne doit pas revivre le réel. »
Il conclut définitivement en
disant que c’est au lecteur de penser comme il veut.
L’époque
de l’action du livre
Premier
cahier
Il
a des hésitations sur le moment où il doit situer son roman
Le 29 juin 1919, il écrit qu’il
ne veut pas situer son roman avant la Première Guerre mondiale car il ne veut
pas y faire entrer de « préoccupations historiques » Mais le 30
juillet, il se rend compte que l’intrigue de la fausse monnaie ne peut se
passer qu’avant la guerre, puisque les pièces d’or ont disparu après comme
monnaie.
L’avancée du livre et les difficultés
d’écriture
Premier
cahier
Le 20 juin 1920, à Cuverville, il
parle d’une journée de « torpeur abominable » et se dit
« incapable d’écrire la moindre lettre »
Le 11 juillet 1919, il est en
colère contre lui-même car il se laisse distraire par les soucis du quotidien
et n’a pas travaillé son livre ; il se dit qu’il attend trop de
l’inspiration et que cette dernière ne peut être que le résultat d’une
recherche.
Le 1 août 1919, il expose ses
difficultés de travail : il n’a fait que « brasser des nuages ».
Puis, il cesse d’écrire pour se consacrer à ses Mémoires.
Le 9 septembre 1919, il constate
qu’il a passé un mois sans écrire.
Il y a alors une coupure de 14
mois où il n’écrit rien puisqu’il recommence son journal le 21 novembre 1920.
Il précise qu’il a fait la rédaction de Si
le grain ne meurt.
Le 1 janvier 1921, Martin du Gard
lui a conseillé de travailler avec des fiches mais pense que cette méthode ne
peut pas lui convenir.
Il commence la rédaction du roman
en octobre 1921.
Le 25 novembre 1921, il rappelle
qu’il a écrit les premiers chapitres en octobre et se compare à une baratte à
beurre qui sépare le beurre du petit-lait.
Le 7 décembre 1921, il dit qu’il
a écrit facilement les trente premières pages de son livre.
Deuxième
cahier
En août 1921, il parle de « l’extrême
difficulté qu’il a à faire avancer son livre » est due au fait qu’il
traite deux sujets à la fois, l’événement mais aussi « l’effort même du
romancier pour faire un livre avec cela »
Le 27 décembre 1923, il a lu à
Jacques Rivière, 17 chapitres sur 18 de la première partie du roman. Il émet le
projet d’ajouter dès le début un élément fantastique.
Le 17 mai 1924, il a écrit les
trois chapitres avant la rentrée de la pension.
Le 1 novembre 1924, il devait
partir pour le Congo mais il a repoussé son départ pour finir son roman. Il
vient d’écrire la tentative de suicide d’Olivier et ne voit plus devant lui
« qu’un embrouillement terrible, un taillis tellement épais (qu’il ne
sait) à quelle branche s’attaquer d’abord »
Le 29 mars 1925, il a écrit les
chapitres qui lui semblaient difficiles ; il explique avoir eu des
difficultés à commencer chaque nouveau chapitre.
Il écrit qu’il a terminé les Faux-Monnayeurs le 8 juin 1925...
Ses références littéraires
Premier
cahier
Le 20 juin 1919, il a lu A Death
in the desert de Browning (poète et dramaturge britannique du 19e)
et il dit que cette lecture a mis en fermentation (sa) cervelle comme le
plus capiteux des vins ».
Le 16 août 1919, il fait l’éloge
de la phrase parfaite de Stendhal.
Le 2 janvier 1921, il trouve que
Martin du Gard éclaire trop « de face les événements » ; il
critique aussi Tolstoï qui a tendance à dresser des panoramas
Le 13 janvier 1921, il trouve que
« la grande erreur du livre de « X », c’est que ses
« personnages parlent toujours pour le lecteur. L’auteur leur a confié la mission de tout
expliquer ». Mais il pense qu’au contraire, le personnage ne doit parler
que « pour celui à qui il s’adresse ».
Le 16 juin 1921, il a rédigé une
préface pour Armance, de Stendhal.
Deuxième
cahier
En août 1921, il critique le
Symbolisme à qui il reproche le manque de curiosité qu’ils ont manifesté pour
la vie : « La poésie devint pour eux un refuge, la seule échappatoire
aux hideuses réalités ».
Il explique aussi son goût pour
le genre épique.
Le 28 novembre 1921, il pense
utiliser une citation de L’Idiot de
Dostoïevski en pensant qu’elle convient à son roman.
Le 1 novembre 1922, il déclare
avoir horreur de la synthèse des arts comme l’a voulue Wagner, qu’il n’aime pas
du tout ce genre de théâtre et qu’il n’aime que le « théâtre qui se donne
simplement pour ce qu’il est et ne prétende être que du théâtre » ;
il loue la pureté des tragédies et comédies du XVIIe siècle…. Il donne aussi
son jugement sur La Princesse de Clèves : « une merveille de tact et
de goût » … Il critique le réalisme balzacien car il pense que Balzac mêle
au roman des éléments qui n’ont rien à y faire : « Balzac, s’il est
peut-être le plus grand de nos romanciers, est surement celui qui mêla au roman
et y annexa et y amalgama, le plus d’éléments hétérogènes et proprement inassimilables
par le roman. » Il pense que les Anglais comme De Foe (auteur anglais de
la fin du 17e qui a écrit Robinson
Crusoé), Fielding (auteur anglais du 18e qui a écrit le roman Histoire de Tom Jones) ou Richardson
(auteur du 18e qui a écrit Pamela
ou la vertu récompensée et Clarisse
Harlow) « ont atteint une plus grande pureté dans le roman. »
Le 5 mars 1923, il rêve de Marcel
Proust. Il est assis en train de lui en train de parler et il fait tomber de la
bibliothèque de vieux livres, ce qui le contrarie car il craint d’avoir abimé
les livres ; c’est en effet ce qui s’est passé, il se rend compte qu’il a
détruit la couverture de livres très précieux de Saint-Simon, il s’excuse mais
Proust, très courtois, ne le lui permet pas ; plus tard, Proust s’étant retiré,
il avoue au majordome qui lui fait traverser de luxueux salons qu’il a fait
exprès de faire tomber les livres et il se jette à ses pieds en sanglotant.
Le 14 février 1924, il refuse de
préfacer l’Histoire de Tom Jones de
Fielding car il trouve la traduction trop médiocre.
Le 27 juillet 1924, il émet un
jugement sur Jarry dont il pense qu’il avait « un sens exact de la
langue ».
Fin janvier 1925, il cite un vers
de Bajazet : « je me plains de mon sort moins que vous ne
pensez »
Sur le diable
Premier
cahier
Le 2 janvier 1921, il réfléchit
sur le diable : « plus on le nie, plus on lui donne de
réalité » Il se met à penser que le point invisible autour duquel
graviteraient tous les personnages, ce serait lui.
Le 13 janvier 1921, il reparle du
diable : « j’en voudrais un qui circulerait incognito à travers tout
le livre et dont la réalité s’affirmerait d’autant plus qu’on croit moins en
lui » C’est le propre du diable dont le motif d’introduction est pourquoi
me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas » Il pense faire
de cette « très importante phrase, une des clés de voûte du livre ».
Deuxième
cahier
Le 23 février 1923, il fait un
long développement sur Vincent qui « se laisse lentement pénétrer par
l’esprit diabolique ».
Appendice,
chapitre « Identification du démon »
Il poursuit des réflexions sur le
diable déjà amorcées dans le roman : « Tandis qu’on ne peut servir
Dieu qu’en croyant en Lui, le diable, lui, n’a pas besoin qu’on croie en lui
pour le servir. Au contraire, on ne le sert jamais si bien qu’en l’ignorant… moins
je crois en lui, plus je l’enforce… c’est précisément là ce qu’il désire :
qu’on ne croie pas en lui. »
« Dès l’instant que j’admets son
existence… il me semble que tout s’éclaire, que je comprends tout ; il me
semble que tout à coup, je découvre l’explication de ma vie…. Nombre d’esprits,
et que je tiens pour des plus grands, croyaient à l’existence du diable… et je
sens en moi, certains jours, un tel envahissement du mal, qu’il me semble déjà
que le mauvais prince y procède à un établissement de l’enfer »
Sur l’amour
Premier
cahier
Stendhal parle de la
cristallisation mais ce qui intéresse Gide c’est la décristallisation. Il parle
d’un amour déçu où la femme reproche à l’homme ses infidélités mais il pense
qu’elles n’en sont pas puisque son amour pour elle est intact et qu’il n’a
jamais eu de relations charnelles avec elle.
Deuxième
cahier
Sur le mensonge, la fausseté
Deuxième
cahier
« Ce que j’appelle un esprit
faux, … c’est celui qui éprouve le besoin de se persuader qu’il a raison de
commettre tous les actes qu’il a envie de commettre… Le véritable hypocrite est
celui qui ne s’aperçoit plus du mensonge, celui qui ment avec sincérité »
Appendice
-Une coupure du Figaro de 1906
racontant comment des faux-monnayeurs utilisaient des jeunes gens pour écouler leurs pièces.
-Une coupure du Journal de Rouen
de juin 1905 racontant le suicide d’un lycéen après un tirage au sort.
- Une lettre de CH.B au sujet du
suicide d’un ami commun.
- Une lettre d’une lectrice,
Suzanne Paul-Hertz, le 13 janvier 1927 qui lui reproche que le personnage de La
Pérouse est copié chez Saint-Simon et qu’il aurait dû avouer son pastiche.
- La réponse de Gide à la dame où il lui explique que La Pérouse a été inspiré par son vieux
professeur de piano.
-Des pages du journal de Lafcadio
constituant le « premier projet des FM » et dans lesquelles il parle
d’Edouard.
-Un chapitre
intitulé « Identification du démon » et qui est une réflexion
sur le diable.