L’Association
culturelle France-Turquie avait invité ce soir Mario Levi à parler de son
travail d’écrivain. Ce fut l’occasion d’une très intéressante rencontre avec
cet écrivain dont les livres sont désormais traduits en 34 langues.
L’importance
de la langue française dans sa vie
Né
en 1957 à Istanbul, Mario Levi explique que s’il appartenait à une famille modeste,
la francophonie occupait cependant une place importante dans son entourage, en
particulier chez ses grands-parents paternels, francophones et francophiles ;
sa grand-mère lui apprend le français parlé lorsqu’il est enfant, et il
complète son éducation au Lycée français Saint-Michel. Notons que sa grand-mère
maternelle lui récitait des poèmes de Lamartine ou d’Hugo.
Sa
vocation d’écrivain
Mario
Levi est persuadé qu’il existe un lien entre sa destinée et le fait d’être
devenu écrivain. En effet, son rêve était de devenir médecin ; mais les
examens d’entrée à l’université de médecine étant essentiellement basés sur les
mathématiques, il échoue et entre en philologie française ; c’est alors l’occasion
pour lui, grâce à l’aide de professeurs dont il admire le savoir, d’approfondir
sa connaissance de la littérature française, dont, selon ses propres mots, « il
tombe amoureux ».
Ses
sources d’inspiration
Il
s’est alors posé la question des sujets sur lesquels il devait écrire ; et
constatant que de nombreux essayistes écrivaient sur les minoritaires de Turquie,
il se rend compte qu’il dispose d’un « savoir vécu » sur ce sujet et
qu’il pourra apporter « une autre voix » à la littérature turque. Nedim
Gürsel a d’ailleurs dit de lui qu’il était le premier écrivain à revendiquer
son identité juive dans la littérature turque.
En
outre, Mario Levi précise que les personnages qui l’intéressent sont ceux qui
ont des difficultés d’adaptation dans la société ; il est devenu sans l’avoir
voulu le porte-parole d’une certaine marginalité.
Au
sujet des prix littéraires
Mario
Levi a reçu des prix littéraires mais cela lui semble peu important ; pour
lui, pouvoir terminer un livre est un prix en soi. Et il ajoute que toucher le cœur
d’un lecteur inconnu qui le remercie pour ce qu’il a écrit équivaut à recevoir
un prix.
Et
maintenant ?
L’année
2017 a constitué un tournant dans sa carrière car il voulait écrire quelque chose
de différent sur sa ville fétiche. Il a donc décidé d’entreprendre une série de
7 livres, une sorte d’Heptaméron sur 7 quartiers d’Istanbul, dont chaque roman
se passe en une seule journée : le premier tome, consacré au quartier de
Kadikoy, vient de paraître en Turquie.
Sa
conclusion : il a encore besoin de trente années pour mener à bien ses
projets d’écriture !