Article de Gisèle Durero-Koseoglu
Le 11 février 1650 mourait à Stockholm le grand mathématicien, physicien et philosophe du XVIIe siècle, René Descartes.
Le 11 février 1650 mourait à Stockholm le grand mathématicien, physicien et philosophe du XVIIe siècle, René Descartes.
Mais que diable était-il donc allé faire pays « des
ours, entre des rochers et des glaces » (selon ses propres paroles) ?
C’est qu’en septembre 1649, il avait accepté, après maintes
hésitations, l’invitation de la jeune reine Christine de Suède, avec laquelle
il correspondait depuis deux ans. En effet, Descartes admirait Christine, fameuse pour avoir régné à dix-huit ans et
avoir mis fin à la guerre avec ses voisins ; personnage romanesque, provocante
pour l’époque dans les habits d’homme qu’elle affectionnait, passionnée de musique,
de danse et d’art, elle était aussi férue de philosophie. C’est la raison pour
laquelle Descartes se résolut à prendre la route…
Mais une fois installé, le philosophe est déçu. La reine
se révèle une élève moins brillante qu’il ne l’avait supposé. Et surtout, très occupée, elle ne lui consacre que peu de
temps ; pis, elle lui donne des rendez-vous dans sa bibliothèque à cinq heures du matin, à lui qui n’aime vivre
que dans son « poêle ».
Un jour, elle lui demande d’imaginer un ballet
de cour, intitulé « La naissance de la paix », pour célébrer le traité
de Westphalie ; il s’exécute ; elle veut voir le plan dès l’aube,
alors que sévit un froid polaire. Le résultat ? Descartes attrape une
pneumonie. En dépit de certaines rumeurs prétendant qu’il aurait été empoisonné
par ceux qui redoutaient son influence
sur la reine (elle était luthérienne mais voulait se convertir au catholicisme,
vœu qu’elle réalisera plus tard après avoir abdiqué pour partir vivre à Rome…),
il semblerait que le philosophe ait succombé à la très forte décoction de tabac
qu’il s’était confectionné pour tenter de se soigner lui-même. Descartes
serait-il mort d’une overdose de nicotine ?
Quoi qu’il en soit, les mésaventures de Descartes ne
prennent pas fin à sa mort. Sa destinée posthume est un vrai roman macabre.
Lorsqu’on l’enterre à Stockholm, des admirateurs « prélèvent » son auguste
tête. Histoire de conserver le crâne du génie... Lorsque sa dépouille sera
rapatriée en France, pour y être enterrée à l'église Sainte- Geneviève, on
découvre qu’il reste bien peu de choses des restes de Descartes, de petits
bouts, tout au plus ! L’un lui a pris l’os de l’index qui a
« servi d’instrument aux écrits universels », un autre s’est fait
faire une bague avec son omoplate…
Quant au crâne, après bien des tribulations, il fut
finalement remis au XIXe siècle au biologiste Cuvier, qui le plaça au Musée
de l’Homme, où il trouve encore
aujourd’hui. Et encore, n’est-on pas absolument sûr que ce soit le bon, quatre
autres crânes ayant été attribués au philosophe !
Ah ! René ! Tu leur en as fait voir, avec tes
crâneries !
Auteure de cet article : Gisèle Durero-Koseoglu
Auteure de cet article : Gisèle Durero-Koseoglu