Article de Gisèle Durero-Koseoglu
Il y a 234 ans s'éteignait François Marie Arouet, écrivant sous le pseudonyme de Voltaire dont on dit qu’il était l’anagramme d’AROVETLI, forme latine d’« Arouet Le jeune ».
Il y a 234 ans s'éteignait François Marie Arouet, écrivant sous le pseudonyme de Voltaire dont on dit qu’il était l’anagramme d’AROVETLI, forme latine d’« Arouet Le jeune ».
Ce
que je trouve le plus extraordinaire -et le plus effrayant aussi - dans l’œuvre
de Voltaire, c’est qu’elle soit encore, en 2016, d’une si féroce actualité.
Que
dénonce Voltaire ?
La
collusion entre le pouvoir et la religion, la barbarie du fanatisme, l’absurdité
et l’atrocité des guerres, les exactions des puissants, l’arbitraire de la
justice, la corruption, la censure… la liste est longue ! Tout ce qu’il
nomme « l’infâme » !
Portrait de Voltaire, par Maurice Quentin de la Tour, 1735 |
Voltaire
sera un des premiers à reposer au Panthéon. La phrase célèbre écrite sur son sarcophage,
« Il combattit
les athées et les fanatiques, il inspira la tolérance, il réclama les droits de
l’homme contre la servitude de la féodalité, il agrandit l’esprit humain et lui
apprit qu’il devait être libre » rend hommage à sa lutte contre les injustices.
Tombe de Voltaire au Panthéon, photo Internet, merci aux auteurs. |
Il
est intéressant de noter qu’à son époque, Voltaire est adulé comme homme de
théâtre plus que comme philosophe : dramaturge, metteur en scène, comédien,
théoricien, tels étaient les qualificatifs par lesquels ses contemporains auraient
pu le désigner. Il fut aussi un poète
ayant à son actif un minimum de deux-cent cinquante mille vers ! Cependant,
c’est la partie de son œuvre qu’il considérait plutôt comme une sorte de
distraction, ses fameux Contes, que la postérité a reconnue comme chef-d’œuvre
patrimonial !
Lit-on encore, aujourd’hui, les tragédies de Voltaire ? Honnêtement, non, son œuvre théâtrale
n’est connue que des étudiants et professeurs de lettres. Alors, comment la métamorphose de celui que l’on considérait à son époque comme
le plus grand dramaturge du XVIIIe
siècle, en « roi de philosophes », s'est-elle opérée ?
Un
peu boudé au début du XIX siècle, lorsque la Restauration l’accuse d’avoir été
un fauteur de troubles à l’origine de la Révolution –Victor Hugo ne cesse
d’osciller entre l’amour et le rejet du Patriarche de Ferney - Voltaire est élevé au rang de champion de
la laïcité par la troisième République (même si le mot n’est crée dans le
Littré qu’en 1871).
Aujourd’hui
encore, chaque fois que les libertés fondamentales sont menacées, que les
droits de l’homme sont bafoués, on se réfère à Voltaire, comme on a pu le voir
après les attentats de l’automne 2015, suivis de multiples rééditions du Traité sur la Tolérance.
Jean Huber, Un dîner de philosophes, vers 1772. Scène de fiction imaginée par le peintre avec Voltaire au centre levant la main et Diderot à sa droite (en réalité, Diderot ne s’est jamais rendu à Ferney…)
Le château de Ferney-Voltaire |
Dans
son essai Voltaire contre-attaque,
écrit peu avant sa mort, André Glucksmann déclarait : « Qui criminalise la liberté d'expression,
criminalise Voltaire, vivant ou mort. Une France, pas toute la France, se
retrouve voltairienne dès qu'on attaque son droit de penser et de parler »…
Quelques extraordinaires citations de
Voltaire :
Zadig, 1747 : « Les hommes sont des insectes se dévorant
les uns les autres sur un petit atome de boue. »
Micromégas, 1752 : « Notre existence est un point, notre durée un instant, notre globe un
atome. A peine a-t-on commencé à s'instruire un peu que la mort arrive avant
qu'on ait de l'expérience. »
Histoire des voyages de Scarmentado
écrite par lui-même, 1756 : « On chanta
dévotement de très belles prières, après quoi on brûla à petit feu tous les
coupables ; de quoi toute la famille royale parut extrêmement édifiée. »
Candide, 1759 : « Les hommes sont dévorés de plus d'envie, de soins, et
d'inquiétudes, qu'une ville assiégée n'éprouve de fléaux. »
Dictionnaire philosophique portatif, 1764 : « Le fanatisme est un
monstre mille fois plus dangereux que l’athéisme philosophique. »
« Le merveilleux de cette entreprise
infernale (la guerre), c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses
drapeaux et invoque dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain.
»
Traité sur la Tolérance, 1767 : « La tolérance n’a jamais excité de guerre civile ; l’intolérance a
couvert la terre de carnages. »
« Nous avons assez de religion pour haïr et persécuter, et nous n'en avons
pas assez pour aimer et pour secourir. »
L’Ingénu, 1767 : « La vérité luit de sa propre lumière et on n'éclaire pas les
esprits avec les flammes des bûchers. »
« Comment se trouve-t-il tant d'hommes qui, pour si peu d'argent, se font les
persécuteurs, les satellites, les bourreaux des autres hommes ? »
Lecture de L’Orphelin de la Chine, par Voltaire dans le salon de Madame
Geoffrin, peinture de Gabriel Lemmonier, 1755.
Vous pouvez aussi lire mon blog Gisèle, écrivaine d'Istanbulhttp://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/
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