Un
des plus beaux textes de la littérature est sans doute le très célèbre « roseau
pensant » de Blaise Pascal.
« L’homme
n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature…. Une vapeur, une goutte d’eau
suffit pour l’écraser »…
Car
d’une certaine façon, il a l’art de remettre les pendules à l’heure ; dans notre civilisation ultra modernisée,
mécanisée, technologique, nous avons eu tendance à oublier que nous ne sommes
pas les maîtres de la nature et qu’effectivement, la petite « vapeur »
d’un virus, pour reprendre la métaphore pascalienne, peut avoir en quelques
jours raison de notre civilisation matérialiste, de notre économie, voire de nos
vies. On a cru que nos progrès sanitaires nous protégeraient désormais des grands
fléaux et on se retrouve avec des médecins italiens manquant d’appareils de
ventilation artificielle et devant choisir qui sauver entre un patient de 40
ans et un de 60.
Sur
le plan économique, on se souvient des fameux « plans sociaux » entre
les années 1980 et 2005, qui ont mis au chômage des millions d’ouvriers et
surtout d’ouvrières ; personne n’a oublié les images tragiques des femmes licenciées
à quelques années de la retraite et pleurant à l’entrée des usines qui
fermaient. Car à cette époque, il fallait délocaliser là où la main d’œuvre était
bon marché, mondialiser pour réaliser de plus grands profits, gagner de l’argent,
de plus en plus d’argent, encore plus … quitte à ruiner l’économie de son pays.
Aujourd’hui, suite à la pénurie de certaines substances venues de pays lointains,
on réalise qu’on a « peut-être » commis une erreur en « délocalisant ».
N’a-t-on pas ainsi atteint le comble de l’absurde ? De plus, on vitupère
contre les migrants dénués de tout qui se pressent aux portes de l’Europe mais
on ne peut même pas imaginer de manquer de pâtes ou de papier toilette, comme
le montrent les razzias effectuées par certains dans les supermarchés.
La
crise du Covid-19 va nous forcer à remettre en question les valeurs de notre
existence ; sans tomber dans les excès de certains sociologues qui jouent
les Cassandre en prédisant la fin du capitalisme tout entier, la crise
économique qui se profile va faire se poser les questions essentielles. Veut-on
encore d’un monde où 2153 personnes possèdent à elles seules autant d’argent
que 60% de la population mondiale ? Ou les multinationales pillent les
pays pauvres pour enrichir toujours plus un groupe de privilégiés ?
Où l'on prive de travail des familles entières pour économiser quelques sous sur un
produit que l’on envoie fabriquer au bout du monde ? Où l'on détruit
systématiquement les merveilles de notre planète sans se soucier de l’héritage
empoisonné qu’on lèguera à nos descendants ? Où l'on est capable de se
disputer cruellement dans un supermarché pour du papier toilette ?
Si
on en revient encore à Pascal, certes, « l’homme n’est qu’un roseau, le
plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant »… A nous d’exercer
notre intelligence et notre humanisme pour savoir dans quel monde nous voulons
vivre demain et retrouver un peu d’éthique, au lieu de se vautrer dans le matérialisme
et la surconsommation…
Mon autre blog : Gisèle Durero-Koseoglu, écrivaine d'Istanbul
http://gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com/
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