Une
intellectuelle d’avant-garde
Halide Edip Adivar (1884.1964) est une célèbre
romancière turque, auteur d’une vingtaine de livres et connue pour les idées
féministes dont ses œuvres sont l’illustration. Eduquée au Collège américain
d’Uskudar, à Istanbul, férue de littérature turque et étrangère, elle est l’une
des premières femmes turques à avoir obtenu le Baccalauréat.
Elle traduit
d’ailleurs en 1897 le roman de Jacob Abbott, La Mère, ce qui lui vaut d’être décorée par le sultan Abdülhamid.
Elle épouse ensuite son ancien professeur de mathématiques, Salih Zeki Bey,
dont elle aura deux fils.
Très
vite connue pour ses articles dans journaux et revues, en particulier dans la
revue Tanin de Tevfik Fikret, elle
suscite souvent le scandale par le modernisme de ses idées, et elle publie en
1910 son premier roman, Seviye Talip,
racontant l’histoire d’une femme ayant le courage de quitter son époux. Elle
est la première femme inscrite dans les « Foyers turcs »
nationalistes et fonde une organisation féministe.
Aux
côtés de Mustafa Kemal
Pendant
la première Guerre mondiale, inspectrice dans les écoles de jeunes filles, elle
est ensuite chargée d’ouvrir des écoles en Syrie pour les jeunes Arméniennes
orphelines ( Son rôle à cette époque est assez controversé, mes compétences sur
le sujet sont trop limitées pour émettre une opinion…) Après son retour à
Istanbul, professeur de littérature, remariée en 1917 avec Adnan Adivar, un
professeur en médecine, Halide va se lancer dans la politique lors de
l’occupation de Constantinople par les Français, Anglais et Italiens et jouer
un grand rôle dans la guerre d’Indépendance turque.
Elle
attire l’attention sur elle en étant une des premières femmes à prendre la
parole dans des meetings exhortant les
Turcs à reconquérir leur souveraineté, ce qui lui vaudra, avec Mustafa Kemal,
d’être condamnée à mort par contumace par la justice du sultan.
Obligée de s’enfuir avec son époux, elle rejoint l’armée clandestine de Mustafa Kemal en Anatolie et y occupe un poste avec le grade de « sergent ».
Obligée de s’enfuir avec son époux, elle rejoint l’armée clandestine de Mustafa Kemal en Anatolie et y occupe un poste avec le grade de « sergent ».
La période de la Guerre d’Indépendance
lui inspirera d’ailleurs deux grands romans, La chemise de feu, en 1922 et Douleur
au cœur en 1924.
Les
dissensions avec Atatürk
De
retour en Turquie en 1939, elle occupe la chaire de littérature anglaise de
l’Université d’Istanbul et passera le reste de sa vie à écrire des romans ou
publier dans les journaux, donnant aussi des conférences en Indes et aux
Etats-Unis ; elle sera également députée à l’Assemblée nationale durant
quatre ans.
Ses romans les plus célèbres sont : Rue de l’épicerie aux mouches, publié en 1935 aux Etats-Unis et l’année suivante en turc sous le titre de Sinekli Bakkal, dans lequel elle raconte l’histoire de Rabia, la fille d’un forain animateur de spectacles populaires, qui s’oppose au traditionalisme de son grand-père ; et La maison aux glycines, où elle évoque son enfance. La condition des femmes et le contexte historique occupent une grande place dans les romans d’Halide Edip Adivar.
Cette femme hors du commun peut être considérée comme l’écrivaine turque la plus célèbre de la première moitié du XXe siècle.