Qui est donc cette grande écrivaine que le Dictionnaire des Précieuses présente sous le pseudonyme de « Féliciane »
et décrit de « si bonne grâce qu’elle se fait aimer de ceux qu’elle traite le
plus mal, ou du moins ne s’en fait pas haïr » ? Celle que ses amis ont
surnommée « Le Brouillard » ?
Louis-Ferdinand Elle l'Aîné, peintre du
roi, réalisa ce portrait de Madame de Lafayette, aujourd'hui perdu mais connu
par cette gravure conservée au château de Versailles.
|
On la connaît peu, elle n’a pas écrit de Mémoires, sa personnalité demeure secrète. Mais au fait, que sait-on d’elle ?
Sources pour cet article :
Précision :
contrairement aux articles de critique littéraire que je poste sur ce blog
suite à mes lectures et qui sont entièrement « personnels », ce
dernier ne l’est pas. Pour présenter Madame de Lafayette, j’ai tenté de faire
la synthèse de ce que disent et écrivent les personnes de référence citées dans
les sources. Cet article est donc un résumé (destiné en particulier aux élèves
de Terminale L mais aussi à tous ceux et celles qui admirent cette grande
écrivaine) des paroles de spécialistes… Je leur exprime toute ma gratitude pour leur savoir...
-Madame de Lafayette par elle-même,
par Bernard Pingaud, Ecrivains de toujours, le Seuil, Paris, 1966
-Emission Une Vie une Œuvre, de
Simone Douek, consacrée à Madame de Lafayette, avec Alain Génetiot, Hélène Merlin-Kajman, Philippe Sellier et
Laurence Plazenet, 2009 :
https://www.franceculture.fr/litterature/cinq-traits-de-la-secrete-madame-de-la-fayette
- Emission de France Culture : Cinq
traits de la secrète Madame de La Fayette :
https://www.franceculture.fr/litterature/cinq-traits-de-la-secrete-madame-de-la-fayette
Chromo des biscuits Pernot vers 1930 |
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, une
jeune fille très éduquée
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne
naît à Paris dans une famille de petite noblesse le 18 mars 1634. Son
père, Marc Pioche, écuyer du roi, est un homme de goût, très cultivé, qui
collectionne livres et meubles rares et évolue dans l’entourage de Richelieu.
Sa mère, fille d’un médecin du roi, est considérée comme une « coquette », mais
experte en affaires et dotée de puissantes relations. A la mort de son père, Marie-Madeleine
est éduquée par le savant Gilles Ménage, qui lui communique une partie de son
savoir. Laurence Plazenet explique que la jeune fille a reçu une culture hors
norme pour le XVIIe, car elle apprend le latin, ce qui est exceptionnel pour
une femme ; elle lit et écrit en latin, italien et espagnol, et en vers. Ménage
l’introduit dans les Salons littéraires en vogue à cette époque, comme ceux de
la marquise de Rambouillet ou de Mademoiselle de Scudéry.
En 1650, sa mère se remarie avec Renaud de Sévigné, oncle de la célèbre
épistolière, qui deviendra son amie. Beaucoup plus cultivée que les femmes de
son époque, grande lectrice, Marie-Madeleine, devient d’ailleurs, à l’âge de
seize ans, demoiselle d’honneur de la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV.
La comtesse de Lafayette
Appréciée par la mère Angélique de Lafayette, supérieure du couvent de
Chaillot, où vit Henriette d’Angleterre, elle attire la sympathie des deux
femmes par son sérieux. C’est ainsi qu’en
1654, à 21 ans, elle épouse le frère d’Angélique, le comte François de
Lafayette, gentilhomme campagnard, âgé de 38 ans, qui lui apporte de la fortune
et un nom prestigieux. Au début du
mariage, Marie-Madeleine part avec François sur ses terres d’Auvergne, bien que
les époux vivent de façon intermittente à Paris. Dans sa province, elle dévore
le roman Clélie, de Mademoiselle de Scudéry,
dont Ménage lui envoie les volumes au fur et à mesure de leur parution.
Quand elle se trouve à Paris, Marie-Madeleine fréquente les Salons. Après la naissance de ses deux fils, les liens avec son époux, avec lequel elle entretiendra toujours de bonnes relations, se relâchent et à partir de 1661, lorsque ce dernier décide de demeurer définitivement en Auvergne, il lui laisse légalement la pleine autorité sur les affaires de la famille ; elle jouit donc d’une liberté peu commune pour une femme du XVIIe siècle. La Bruyère commente ainsi la situation : « Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie… »
Quand elle se trouve à Paris, Marie-Madeleine fréquente les Salons. Après la naissance de ses deux fils, les liens avec son époux, avec lequel elle entretiendra toujours de bonnes relations, se relâchent et à partir de 1661, lorsque ce dernier décide de demeurer définitivement en Auvergne, il lui laisse légalement la pleine autorité sur les affaires de la famille ; elle jouit donc d’une liberté peu commune pour une femme du XVIIe siècle. La Bruyère commente ainsi la situation : « Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie… »
Parisienne, Marie-Madeleine tient son propre salon, elle est ce que l’on
appelle « une personne considérée », c'est-à-dire, influente ; en
1661, lorsque Henriette d’Angleterre devient la belle-sœur du roi, elle la suit
à la cour ; Louis XIV l’a même fait
monter dans son carrosse pour lui faire admirer Versailles.
« Mme de La Fayette est la femme qui
écrit le mieux et qui a le plus d'esprit. » (Boileau)
C’est en 1659 que naît sa vocation littéraire, avec un portrait de Madame
de Sévigné qu’elle publie anonymement dans un recueil rassemblé par Segrais et
Huet. Cette année-là, elle écrit La Princesse de Montpensier, roman à
clés inspiré par l’aventure d’Henriette d’Angleterre et du comte de Guiche, et
le livre obtient un grand succès, même si Madame Lafayette n’est pas sûre de
son talent et demande à Ménage de le corriger. Son plus grand souci est de
parvenir à cacher qu’elle en est l’auteur car il est inconvenant qu’une femme
écrive...
« M. de La Rochefoucauld m’a donné de
l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. »
A partir de 1665, Madame de
Lafayette entretient une liaison amoureuse avec le duc de La Rochefoucauld,
qu’elle connaissait depuis longtemps. En 1664, lorsqu’ont paru les Maximes, elle s’est indignée du cynisme
du duc. Mais en même temps, cette façon de penser, semblable à sa propre
philosophie, assez amère, la rapproche de l’auteur. Une seule lettre, datée de
1665, à Madame de Sablé, évoque ses sentiments pour le duc. Les contemporains
ont épilogué pour savoir s’il s’agissait d’un amour platonique (selon
Mademoiselle de Scudéry) ou d’une liaison amoureuse. Quoi qu’il en soit, les
deux êtres se rapprochent par leurs goûts communs, leurs maladies respectives et
leur philosophie désabusée. « ... Rien
ne pouvait être comparé à la confiance et aux charmes de leur amitié », écrira
Madame de Sévigné à la mort de La Rochefoucauld, en 1680.
C’est en 1670.1671, qu’elle écrit Zaïde,
roman espagnol, pour distraire la Rochefoucauld, qui est malade et aime les
romans ; le succès est immédiat. Elle mettra ensuite six ans à écrire La Princesse de Clèves. Lorsque le roman
paraît, en 1678, le public est choqué et déconcerté. Madame de Lafayette
accorde tant de prix au secret qu’elle dément en être l’auteur. Elle ne le
reconnaîtra que treize ans plus tard, dans une lettre à Ménage.
Selon Hélène Merlon-Kajman, la parution de La Princesse de Clèves s’accompagne d’une « querelle du vraisemblable » ; la première était celle du Cid , il n’était pas vraisemblable qu’une fille épouse le meurtrier de son père ; la deuxième est celle de La Princesse de Clèves ; il n’est pas vraisemblable qu’une dame de qualité avoue à son mari qu’elle en aime un autre... La question a passionné les lecteurs au point que Le Mercure galant a publié une « question » dans son journal, en 1678, au sujet de la scène de l’aveu. L’aveu est considéré par certains comme un adultère spirituel, d’autres saluent le romanesque fictif de la scène ou son aspect sublime. Notons qu’il a été offert au duc du Maine, en 1675, « La chambre du Sublime », une miniature dans laquelle on a représenté les auteurs « conformes à l’esthétique du sublime » et que la seule femme présente y est Madame de Lafayette.
Selon Hélène Merlon-Kajman, la parution de La Princesse de Clèves s’accompagne d’une « querelle du vraisemblable » ; la première était celle du Cid , il n’était pas vraisemblable qu’une fille épouse le meurtrier de son père ; la deuxième est celle de La Princesse de Clèves ; il n’est pas vraisemblable qu’une dame de qualité avoue à son mari qu’elle en aime un autre... La question a passionné les lecteurs au point que Le Mercure galant a publié une « question » dans son journal, en 1678, au sujet de la scène de l’aveu. L’aveu est considéré par certains comme un adultère spirituel, d’autres saluent le romanesque fictif de la scène ou son aspect sublime. Notons qu’il a été offert au duc du Maine, en 1675, « La chambre du Sublime », une miniature dans laquelle on a représenté les auteurs « conformes à l’esthétique du sublime » et que la seule femme présente y est Madame de Lafayette.
Une femme gouvernée par le secret
Tout est secret chez elle, elle publie anonymement, son nom n’apparaît
jamais. A l’époque, c’est « déroger à son rang » que de se commettre dans
les lettres… Est-ce pour cette raison que ses amis la surnomment « le
brouillard » ? Dans tous ses livres, le secret est d'ailleurs un thème important, la
divulgation de la vie intime peut être fatale dans le monde de la cour. Selon
Laurence Plazenet, « c’est vrai que dans tous ses livres, le secret est un
thème absolument fascinant, (...) un trésor, un moyen de pression sur autrui,
une forme d’autorité, C’est aussi le seul espace privé qui existe. Il y a cette
obsession du secret mais simultanément, tous ces personnages sont tragiquement
en quête de vérité. ». Au fil des ans, la personnalité de Madame de Lafayette
se dérobe ; au début de son mariage, elle écrit quelques lettres où elle explicite
ses sentiments ; à la parution de La
princesse de Montpensier, elle confie
sa joie de la publication. Mais ensuite, elle dissimule. Même à
la mort de La Rochefoucauld, qui a joué un si grand rôle dans sa vie, elle ne
donne aucun indice de ce qu’elle ressent. C’est par Madame de Sévigné qu’on
apprend sa détresse à cette période. La mort de La Rochefoucauld va d’ailleurs engager
Madame de Lafayette dans un mouvement de conversion religieuse.
Selon Philippe Sellier, on trouve des traces des Pensées de Pascal, parues en 1670, et que l’écrivaine admire, dans
l’ouverture de La Princesse de Clèves
quand elle donne des exemples de « divertissements » de la cour d’Henri II ;
ce sont tous les exemples fournis par Pascal : « Maintenant, ce qui la
rapproche évidemment de Pascal, c’est surtout tout l’aspect augustinien. Pascal
est un grand théologien augustinien, et Madame de La Fayette a une conception
des amours humaines extrêmement sombre. L’amour est une passion qui conduit à
la folie, qui est meurtrière, qui fait mourir le Prince de Clèves, et qui
laisse les êtres calcinés. »
Une Précieuse qui trouve l’amour « incommode »
A dix-neuf ans, elle écrit à Ménage : « Je suis si persuadée que l’amour
est une chose incommode que j’ai de la joie que mes amis et moi en soyons exempts
». Madame de Lafayette a une réputation de froideur, bien qu’elle s’en défende. Sa physionomie un peu virile éloigne les galants et elle tient à sa réputation de dignité et
de vertu. Cependant, un des drames de sa vie est de ne pas être belle ; elle
conquiert par l’intelligence et la culture mais pas par le physique.
Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse de La Fayette, portrait conservé à Chambord |
« De toute façon, elle ne sera jamais la très belle jeune fille devant
laquelle tout le monde est en admiration. Ce sont les esprits qu’elle
conquiert, par l’intelligence, par la culture. C’est assez visible dans le
portrait : le regard est très profond et intelligent. Les paupières sont un peu
affaissées, ce qui leur confère une espèce de pénétration », commente
Laurence Plazenet.
Elle est donc une Précieuse, c’est ainsi que Scarron la surnomme ; le témoignage de deux voyageurs hollandais la classe parmi les « Précieuses de haute volée », à l’instar de Madame de Sévigné ou Mademoiselle de Scudéry.
Selon Philippe Sellier, une Précieuse est une femme qui « se donne du prix
», qui refuse d’être comme le commun des femmes. Cela leur attire des satires
car elles sont jugées arrogantes. Mais ce sont des intellectuelles, cela
correspond à la naissance des femmes de lettres, c’est la première fois que «
les femmes font irruption sur la scène littéraire, collectivement ». Il s’agit
donc d’une « rupture culturelle » fondamentale, entreprise avec Madame de
Rambouillet, dont toutes les grandes Précieuses ont fréquenté le salon. La
première caractéristique de la Préciosité est donc cette revendication de
singularité supérieure.
La deuxième est « d’être galante sans aimer les galants », phrase qui a été appliquée à Madame de Rambouillet ; être galant au XVIIe signifie exceller dans toutes les séductions de la vie, être une femme accomplie, avec ce que Mademoiselle de Scudéry appelle « un esprit de choix »; mais elles n’aiment pas ceux qu’elles appellent les « mauvais galants » et une partie d’entre elles refuse la sexualité, considérée comme triviale ; pour elles, le rapport entre hommes et femmes le plus réussi est une tendresse amicale. Cela explique le rapport de Madame de Lafayette à La Rochefoucauld, énigmatique pour nous. Ils se voient tous les jours pendant quinze ans, ils sont voisins mais on ignore quelle a été exactement la nature de leur relation.
La deuxième est « d’être galante sans aimer les galants », phrase qui a été appliquée à Madame de Rambouillet ; être galant au XVIIe signifie exceller dans toutes les séductions de la vie, être une femme accomplie, avec ce que Mademoiselle de Scudéry appelle « un esprit de choix »; mais elles n’aiment pas ceux qu’elles appellent les « mauvais galants » et une partie d’entre elles refuse la sexualité, considérée comme triviale ; pour elles, le rapport entre hommes et femmes le plus réussi est une tendresse amicale. Cela explique le rapport de Madame de Lafayette à La Rochefoucauld, énigmatique pour nous. Ils se voient tous les jours pendant quinze ans, ils sont voisins mais on ignore quelle a été exactement la nature de leur relation.
Le scénario des romans est souvent approchant : dans La Princesse de Montpensier, La Princesse de Clèves et La Comtesse de Tende, une femme mariée à un homme qu’elle estime mais n’aime pas, s’éprend d’un autre. Sa vertu et sa réputation lui défendent de céder. Mais dans les trois cas, au fur et à mesure des années qui passent, on s’éloigne de plus en plus de l’amant et on renonce à l’amour.
Une femme de tête et une femme
d’affaires
Après son mariage, quand elle part s’établir en Auvergne, elle prend en
main le sauvetage de l’héritage de son époux, grevé de dettes. Douée pour la
procédure, elle s’occupera aussi des procès de son oncle. Plus tard, elle règlera
les affaires de son ami La Rochefoucauld et lui fera gagner un procès. A la
mort de son époux, en 1683, elle engagera même une procédure contre ses deux
fils pour gérer la succession afin
d’éviter ainsi la dispersion du patrimoine ! Car ses deux fils ne lui
ressemblent pas : l’aîné, Louis, entré dans les ordres, ne se prive pas de faire
des dettes ; le cadet, militaire, affectionne les plaisirs de la cour et fait scandale
pour ses frasques ; quand il se mariera, Marie-Madeleine lui cèdera la fortune
familiale mais en gardera prudemment l’usufruit. Selon Laurence Plazenet, « elle
a deux fils qui semblent être un peu des nigauds, et elle fait tout ce qu’elle
peut pour essayer de leur assurer un statut social solide. C’est manifestement
une grosse pointure. Aujourd’hui, elle serait ministre… enfin, si elle trouvait
que c’est assez intéressant pour elle. »
On peut dire que son premier souci était
de faire carrière et d’assurer un avenir à ses fils.
« Jamais femme, sans sortir de sa chambre, n’a fait de si bonnes affaires, affirme Madame de Sévigné… Elle a cent bras, elle atteint partout. » Elle a même participé à des intrigues politiques avec Madame Royale, duchesse de Savoie et Princesse de Piémont, descendante d’Henri IV. Certains la décrivent intéressée ; quoi qu’il en soit, il est certain qu'elle aime l’intrigue et l’argent.
« Jamais femme, sans sortir de sa chambre, n’a fait de si bonnes affaires, affirme Madame de Sévigné… Elle a cent bras, elle atteint partout. » Elle a même participé à des intrigues politiques avec Madame Royale, duchesse de Savoie et Princesse de Piémont, descendante d’Henri IV. Certains la décrivent intéressée ; quoi qu’il en soit, il est certain qu'elle aime l’intrigue et l’argent.
Une dame mélancolique et solitaire
Elle écrit à Ménage en 1691 qu’elle est accablée de mélancolie, au point
qu’il ne la reconnaîtrait plus ; puis, en 1692 : « Je suis toujours
triste, chagrine, inquiète sachant très
bien que je n’ai aucun sujet de tristesse. Selon Laurence Plazenet, sa mélancolie est refoulée ; elle était
animée d’un tempérament ardent qu’elle réserve à la littérature et à la fiction,
bien que Madame de Sévigné la surnomme « la raison ».
Finalement, Madame de Lafayette n’aime rien tant que le repos à la campagne. Au fur et à mesure que les années passent, elle a tendance à se replier sur elle-même. S’éloignant de la cour, elle reçoit ses amis dans son hôtel de Vaugirard, où elle est née et passera une grande partie de sa vie. Madame de Sévigné écrit que son jardin est un des plus jolis de Paris, avec des jets d’eau, des massifs de fleurs et des orangers.
Finalement, Madame de Lafayette n’aime rien tant que le repos à la campagne. Au fur et à mesure que les années passent, elle a tendance à se replier sur elle-même. S’éloignant de la cour, elle reçoit ses amis dans son hôtel de Vaugirard, où elle est née et passera une grande partie de sa vie. Madame de Sévigné écrit que son jardin est un des plus jolis de Paris, avec des jets d’eau, des massifs de fleurs et des orangers.
Photo sur le site Terre des écrivains |
L’été, elle part se réfugier dans son château de Joinville-le-Pont, « Le
Parangon », où elle reçoit ses amis et a écrit La princesse de Clèves.
Madame de Lafayette a une santé fragile. Elle a contracté « la fièvre
tierce », c'est-à-dire le paludisme, et souffre de crises de fièvres. « Le
manque de santé est le seul véritable malheur de ma vie » confie-t-elle dans
une lettre. Madame de Sévigné écrit que Madame de Lafayette avait raison de
s’enfermer et de ne plus vouloir sortir de sa maison à la fin de sa vie car
elle souffrait trop.
La dernière partie de son existence a donc été assombrie par la mort de La
Rochefoucauld en 1680 et par la maladie. Pour échapper à la mélancolie, elle se
tourne vers les récits historiques et écrit
l’Histoire de madame Henriette
d'Angleterre, première femme de Philippe de France, Duc d'Orléans, et les Mémoires
de la cour de France pour les années 1688 et 1689, qui seront publiées
après sa mort, de même que son roman La
Comtesse de Tende.
Elle meurt d’une maladie de cœur le 25 mai 1693, à Paris, à l’âge de 59 ans.
Il ne reste aucune trace dans l’église Saint-Sulpice, où avaient eu lieu ses
funérailles et où elle avait été inhumée, de sa tombe, détruite pendant la Révolution.
Un siècle plus tard, Voltaire dira d’elle dans Le Siècle de Louis XIV : « La
Princesse de Clèves et sa Zaïde
furent les premiers romans où l'on vit les mœurs des honnêtes gens et des
aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d'un style
ampoulé des choses peu vraisemblables. »